TennisLe temps des questions
Roger Federer arrivera-t-il encore un jour ou son compteur s'arrêtera-t-il à seize titres du Grand Chelem? Au lendemain de sa défaite en quatre sets face à Rafael Nadal en demi-finale de l'Open d'Australie, ces interrogations sont légitimes.

Cinq mois après avoir raté deux balles de match sur son service contre Novak Djokovic en demi-finale de l'US Open, Roger Federer a perdu un match qui aurait pu, qui aurait dû, tourner en sa faveur. «Des tournants, ils n'y en a pas eu qu'un seul dans cette demi-finale», pestait-il en se repassant le film du match dans la tête.
Un ascendant mental indéniable
On rappellera que Federer a mené 7-6 1-0 service à suivre. Qu'il a ensuite servi pour mener 5-3 au troisième set. Qu'il a enfin possédé deux balles d'égalisation à 5-5 au quatrième. A chaque fois, Rafael Nadal a pu s'en sortir pour signer une victoire qui accentue s'il est besoin encore l'ascendant mental qu'il exerce sur son rival dans les grands matches.
«Sur le plan technique, il n'y pas photo entre Roger et moi, avoue Rafa. Son coup droit est, ainsi, meilleur que le mien. Mais un match ne se joue pas seulement sur la technique. Il y a aussi l'intensité avec laquelle on le joue.» Son oncle Toni pointe, lui, un certain déficit sur le plan physique dans le jeu de Federer. «Son jeu de jambes jeudi soir lors du début de match fut phénoménal, lâche-t-il. Mais nous savions très bien qu'il ne pouvait pas jouer ainsi pendant trois heures !»
Une seule finale sur huit tournois
A entendre le camp Nadal, les chances de Roger Federer de gagner une demi-finale ou une finale au meilleur des cinq sets sont aujourd'hui ténues. Il est vrai que le temps ne joue pas en faveur du Bâlois. Ses trois rivaux, Novak Djokovic, Rafael Nadal et Andy Murray, peuvent encore monter en puissance. Battre à nouveau deux de ces trois hommes en l'espace de deux jours dans un tournoi du Grand Chelem deviendra de plus en plus ardu pour Roger Federer. Il n'y est parvenu qu'une seule fois en 2008 à New York avec un succès en demi-finale sur Djokovic et une victoire en finale devant Murray.
Une dernière statistique souligne la difficulté de la tâche devant laquel se trouve le Bâlois. Sur les huit derniers tournois du Grand Chelem qu'il a disputés, il ne s'est qualifié qu'une seule fois pour la finale, l'an dernier à Paris. «Mais c'est vrai que Roger n'a pas été chanceux ces derniers mois, relève toutefois Nadal. Il y a deux matches qu'il n'aurait jamais dû perdre en 2011: le quart de finale de Wimbledon contre Tsonga et bien sûr la demi-finale de l'US Open face à Djokovic.» Orgueilleux comme tous les grands champions, Roger Federer refusera d'admettre que l'éventualité de gagner un nouveau tire du Grand Chelem est de plus en plus improbable, comme il refuse d'admettre que Rafael Nadal puisse posséder sur lui une quelconque emprise psychologique. Il se replie sur ses certitudes: son jeu est toujours aussi brillant et son insuccès ces deux dernières années dans les tournois majeurs est dû principalement à un manque de réussite sur deux ou trois points. Peut-on toujours le croire?