RechercheLe Tessin découvre une double arme contre le virus
Un institut de Bellinzone a développé un anticorps qui non seulement protège de tous les variants du coronavirus, mais en plus l’empêche de muter. De grands espoirs sont permis.

- par
- Michel Pralong

Deux anticorps humains naturels ont été réunis en une seule molécule artificielle, qui constitue une arme efficace contre le coronavirus (image).
C’est une belle réussite annoncée par l’Institut de recherche en biomédecine (IRB) de Bellinzone (TI). Le développement d’un double anticorps de deuxième génération, efficace non seulement contre toutes les variantes du coronavirus, mais qui l’empêche également de muter davantage.
L’immunothérapie est une technique qui permet de combattre les maladies en injectant dans le corps humain par exemple des anticorps. Elle a déjà fait ses preuves contre le coronavirus, mais elle se heurtait jusqu’à présent à deux obstacles majeurs, explique dans un communiqué l’institut qui est affilié à l’Université de la Suisse italienne. Un anticorps pouvait s’avérer efficace contre une souche du virus, mais pas forcément à ses variants. Et le coronavirus a, comme tous les virus, un mécanisme qui lui permet de muter pour précisément résister aux traitements qui le combattent.
Tests précliniques encourageants
L’IRB a trouvé la parade en réunissant deux anticorps naturels (donc produits par le corps humain) en une seule molécule artificielle. Cet anticorps bispécifique, comme il est appelé, a donc une double action, ciblant deux sites par lesquels le virus infecte l’organisme humain. D’après les tests précliniques effectués, il neutralise fortement le coronavirus, même son récent variant britannique. Et il l’empêche de modifier sa structure, donc de muter.
Durant ces tests précliniques, une seule injection de cet anticorps bispécifique a suffi pour offrir une protection instantanée contre la Covid. Il réduit la charge virale dans les poumons et atténue l’inflammation typique de la maladie.
Le candidat idéal pour nous protéger
Pour l’IRB, ces résultats prometteurs font de cet anticorps «un candidat idéal pour les essais cliniques humains, avec de bonnes chances d’emploi» non seulement pour traiter la maladie mais également pour empêcher de l’attraper. «Malgré les ressources limitées par rapport aux grandes entreprises pharmaceutiques, nous avons atteint nos objectifs en quelques mois seulement», se félicite Davide Robbiani, directeur de l’IRB.