Football: Le très discret Jonathan Barnett est l’agent le plus puissant au monde

Publié

FootballLe très discret Jonathan Barnett est l’agent le plus puissant au monde

Moins connu que Jorge Mendes ou Mino Raiola, l’Anglais est à la tête de Stellar Group, une entreprise de management qui gère la carrière de plus de 400 sportifs de haut niveau.

André Boschetti
par
André Boschetti
Stellar Group, la société de management créée par Jonathan Barnett, gère les carrières de plus de 400 sportifs de haut niveau.

Stellar Group, la société de management créée par Jonathan Barnett, gère les carrières de plus de 400 sportifs de haut niveau.

Stellar Group

Ce printemps, alors que les différents championnats nationaux reprenaient peu à peu, la très grande majorité des dirigeants de clubs et des agents de joueurs assuraient, le ton grave et la mine basse, que l’été serait très calme au niveau des transferts. Une certitude qui n’est plus tout à fait d’actualité.

Alors que le grand marché estival des transferts a officiellement ouvert ses portes mardi, la crise financière mondiale ne semble en effet pas avoir touché tout le monde la même façon. Du côté du Real Madrid, par exemple - le club le plus puissant et prestigieux de la planète foot, on a clairement fait savoir à Zinédine Zidane qu’il allait devoir repartir pour un tour sans le moindre renfort. Dans la plupart des clubs du continent, la priorité est d’ailleurs plus que jamais de vendre ou de dégraisser avant d’investir l’argent récolté ou économisé. Mais d’un autre côté, Chelsea ne vient-il pas, lui, de débourser 80 millions d’euros pour attirer à Londres le prodige allemand Kai Havertz (21 ans/Bayer Leverkusen)? Et cela après en avoir déjà dépensé près de 150 pour son compatriote Timo Werner, le défenseur anglais Ben Chilwell et l’ailier de l’Ajax Hakim Ziyech. La crise n’a pas partout les mêmes effets.

Devant Mendes et Raiola

On ne saura donc que le 5 octobre prochain, date du clap de fin en Europe, si cette période de transferts a effectivement été beaucoup plus tranquille que les précédentes. Mais ce qui est plus sûr, c’est que les trois principaux agents qui contrôlent et orientent ce grand bazar joueront à nouveau un rôle primordial. Comme c’est désormais le cas depuis plus d’une décennie, le Portugais Jorge Mendes, l’Italo-Néerlandais Mino Raiola et l’Anglais Jonathan Barnett vont se remplir les poches et faire le bonheur, ou le malheur, de dirigeants de clubs qui parfois subissent et parfois profitent de l’énorme influence de ces incontournables personnages sur leurs prestigieux assistés.

L’élégant Jorge Mendes, qui s’est fait un nom et une fortune grâce, en bonne partie, à Cristiano Ronaldo et le controversé Mino Raiola, qui doit, lui, beaucoup à Zlatan Ibrahimovic, sont certes les deux agents les plus médiatisés mais pas les plus puissants du moment. Et cela bien que leurs comptes bancaires aient été alourdis de, respectivement, 105 et 63 millions en commissions, l’an dernier.

115 millions de commissions en 2019

Le Numéro 1 du secteur agit avec davantage de discrétion. Selon la revue Forbes, Jonathan Barnett trône depuis l’an dernier au sommet de la hiérarchie avec un total de gains en commissions de quelque 115 millions d’euros en 2019. Cet Anglais de 70 ans est à la tête de Stellar Group, une entreprise de représentation globale qui gère les droits de propriété intellectuelle ainsi que d’image de tous ses clients, qu’il a lui-même créée en 1994. Elle compte actuellement plus de 400 sportifs de haut niveau sous contrat. Des footballeurs bien sûr, comme Gareth Bale, mais aussi des joueurs de cricket, de rugby, de football américain (NFL) ainsi que plusieurs athlètes. Et depuis peu elle s’occupe d’ailleurs aussi de professionnels de e-sports. Pour gérer au mieux ce petit monde, Stellar Group, qui compte 130 employés, possède des antennes dans dix villes européennes ainsi qu’à Boston, Atlanta et Montevideo.

Connu grâce au cricket

Jonathan Barnett a commencé à conseiller les sportifs il y a près d’un demi-siècle. Il s’est d’abord fait une petite renommée grâce au cricket en lançant la carrière du Trinidadien Brian Lara, l’un des meilleurs joueurs de l’histoire. Avant d’accompagner le boxeur anglais Lennox Lewis. Mais Barnett doit aussi beaucoup à cette amitié avec Nelson Mandela qui lui a ouvert les portes du marché sud-africain (cricket et rugby). En 2006, il a aussi été pour de mauvaises raisons sous les feux des projecteurs anglais dans le cadre du transfert houleux du défenseur international anglais Ashley Cole d’Arsenal à Chelsea. Une affaire pour laquelle l’agent avait été condamné à 100’000 livres d’amende par la Fédération anglaise - et à une suspension de 12 mois de toute activité dans le football - pour avoir arrangé un rendez-vous secret entre son client, encore sous contrat avec les Gunners, et Chelsea.

Généreux et intransigeant

Une leçon qui lui a servi pour une suite de parcours durant laquelle il a préféré amasser une fortune - dont, dit-on, il connaît le montant au centime près - dans la discrétion plutôt que sous les feux de la rampe. Barnett ne fait d’ailleurs pas davantage parler de lui lorsqu’il verse une partie de sa fortune à des œuvres de charité et à des hôpitaux. Une générosité reconnue qui ne l’empêche pas d’être d’une froide intransigeance quand il s’agit de défendre les intérêts de ses protégés. Florentino Perez et le Real Madrid ne diront pas le contraire eux qui espèrent depuis longtemps se libérer du lourd contrat de Garteh Bale (650’000 euros par semaine), dont les relations avec Zidane sont au point mort depuis des mois. «Gareth se sent très bien à Madrid et je crois qu’il ira au bout de son contrat ici (2022)», affirmait pourtant encore Jonathan Barnett sur la BBC le mois dernier. Même les plus grands clubs ne peuvent souvent pas faire grand-chose face à l’incroyable emprise qu’ont certains agents sur leurs assistés.

Ton opinion

0 commentaires