JusticeLe violeur conduisait un corbillard?
L'affaire jugée hier par le Tribunal de police de Genève serait pour le moins croquignolesque si elle ne s'était pas terminée par une agression sexuelle. L'histoire remonte à 2009.
- par
- Marc Lalive d'Epinay

L'accusé, âgé alors de 23?ans, avait pris l'habitude avec ses amis de se rendre en discothèque avec un corbillard de l'entreprise familiale! Et de ramener ses conquêtes dans ce véhicule plutôt inhabituel. Dans la nuit du 30 au 31 janvier, l'accusé et deux de ses amis se rendent à la discothèque Ups and Down. Les compères, passablement alcoolisés, ramènent plusieurs jeunes filles. Ils leur proposent de poursuivre la fête dans un appartement. Une soirée qui tourne en orgie.
Très saoule et épuisée, une jeune fille de 17?ans finit par s'endormir au petit matin sur un canapé, la tête sur les genoux du conducteur du corbillard. En toute confiance, puisqu'elle savait le jeune homme en couple et sa fiancée enceinte. C'est durant son sommeil que ce dernier abusera d'elle. Suite à sa plainte, le jeune homme est inculpé d'actes sexuels sur une personne incapable de discernement ou de résistance.
Poursuivi malgré un accord
Il y a quelques semaines, les deux parties trouvent un accord financier, explique l'accusé lors du procès. Du coup, la victime, fille d'un ancien juge, s'est retirée de la procédure. Mais le procureur Olivier Lutz ne l'entend pas de cette oreille. «Les faits retenus dans l'acte d'accusation sont trop graves pour que les charges soient abandonnées», a-t-il indiqué. Malgré cet accord et la volonté des deux parties d'oublier l'affaire, la justice a poursuivi d'office cette affaire de contrainte sexuelle considérée comme «très grave». Hier, en l'absence de la victime, le juge a condamné l'accusé à quinze?mois de prison avec sursis de deux ans. Le procureur avait requis deux ans avec sursis.