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VoyageLe WiFi reste trop souvent un luxe dans les hôtels suisses

Smartphone, tablette et ordinateur portable: un nombre croissant de voyageurs veut rester connecté à Internet. Tous les hôtels ou presque proposent désormais un réseau sans fil, mais souvent à un prix exorbitant.

Alexandre Haederli
par
Alexandre Haederli
Smartphone, tablette et ordinateur portable: un nombre croissant de voyageurs veut rester connecté à Internet.

Smartphone, tablette et ordinateur portable: un nombre croissant de voyageurs veut rester connecté à Internet.

LWA-Dann Tardif/Corbis

Publier ses photos de vacances sur Facebook, répondre à un e-mail ou réserver son voyage de retour: en vacances, les raisons de surfer sur Internet sont multiples. Et l'explosion des appareils capables de se connecter, à commencer par les smartphones et les tablettes multimédia, a rendu une partie des voyageurs particulièrement dépendante au Web.

«Pour eux, une connexion Internet est aujourd'hui plus importante que d'avoir un sèche-cheveux dans sa chambre», résume Pascal Biéri de Suisse Tourisme. Un constat partagé par les hôteliers: «Le phénomène ne touche plus seulement les hôtels pour hommes d'affaires, mais tous les établissements», renchérit Thomas Allemann, membre de la direction d'HotellerieSuisse.

Le besoin d'un réseau WiFi est particulièrement aigu à l'étranger, lorsque le consommateur se retrouve à la merci de frais de roaming capables de faire exploser sa facture de téléphone.

Cinq francs la demi-heure

Une majorité des hôtels suisses disposent aujourd'hui d'un réseau sans fil. Seulement, voilà: souvent, la connexion, contrairement au sèche-cheveux, est facturée en sus du prix de la chambre. Et les tarifs peuvent être prohibitifs: il n'est pas rare que des établissements facturent 5?francs pour une demi-heure de surf, 15?francs pour trois heures. Ces prix, que même certains hôteliers avouent trouver surfaits, ne sont pas sans rappeler la surtaxe longtemps pratiquée dans les hôtels sur les appels téléphoniques passés depuis sa chambre.

Et le fait de payer son séjour plus cher ne garantit en aucun cas que le WiFi sera inclus: «Nous avons récemment réalisé un sondage et l'on s'aperçoit que les hôtels de 2 ou 3 étoiles tendent à proposer du WiFi gratuit plus fréquemment que les établissements de 4 ou 5 étoiles», explique Pascal Biéri de Suisse Tourisme. Manifestement, certains établissements misent sur le fait que leurs clients plutôt aisés ou en déplacement professionnel ne rechigneront pas à ajouter quelques dizaines de francs à la note pour se connecter. HotellerieSuisse rétorque que l'accès au WiFi n'est en aucun cas un critère dans l'attribution des étoiles.

«Nous sommes convaincus qu'offrir le WiFi gratuit à ses hôtes est un avantage compétitif important par rapport aux concurrents locaux, mais aussi pour l'attractivité de la Suisse en général», martèle Pascal Biéri. Alors à quand le WiFi gratuit pour tous? «Une connexion gratuite, ça n'existe pas, répond Thomas Allemann de Suisse Tourisme. Il s'agit simplement de savoir comment on répercute ces coûts. Certains préfèrent la transparence et facturent à part le prix de la connexion: les hôtes paient ce qu'ils consomment. D'autres choisissent d'inclure ces coûts dans le prix de la chambre.» L'association faîtière n'émet pas de recommandation sur la question. «La décision revient à l'hôtelier.» L'ombre de Swisscom

Le problème, c'est qu'actuellement une partie d'entre eux n'est pas complètement libre. «Ils sont liés par des contrats de longue durée avec Swisscom», affirme Pascal Biéri. Au début des années 2000, l'opérateur leur a proposé de mettre à disposition l'infrastructure nécessaire. En échange, l'hôtelier règle une taxe mensuelle qui dépend notamment de la taille de l'établissement. Le montant payé par les hôtes pour se connecter, soit via leur carte de crédit, soit grâce à des cartes Swisscom en vente à la réception, revient en grande partie à l'opérateur, l'hôtelier ne touchant qu'une petite commission. Le contrat était signé pour une durée de dix ans. Pour les hôteliers, il s'agissait d'une manière de proposer le WiFi à leurs clients sans avoir à investir dans une infrastructure qui peut coûter plusieurs milliers de francs.

«A l'époque, une grande partie des hôteliers ont acceptés cette proposition», confirme Thomas Allemann. Pour ceux-ci, il faudra donc attendre qu'une décennie s'écoule avant de pouvoir s'émanciper. «Actuellement, 600 hôtels, toutes capacités et toutes catégories confondues, disposent d'un hotspot Swisscom, chiffre le porte-parole de l'opérateur, Christian Neuhaus. Cent cinquante d'entre eux sont en Suisse romande.»

Multiplication des modèles

Entre-temps, le géant bleu a assoupli sa politique et propose désormais plusieurs modèles aux hôteliers. «De plus en plus de partenaires optent pour une solution qui leur permet de fixer eux-mêmes le tarif; autrement dit, l'hôtelier peut décider de faire payer ou non l'accès Internet mis à disposition et définir le prix lui-même, détaille Christian Neuhaus. Environ 210 hôtels ont déjà fait ce choix.»

D'autres établissements se tournent vers des opérateurs concurrents ou décident de mettre en place leur propre infrastructure. Et, parfois, leur propre mode de facturation. Certains hôtels proposent par exemple un WiFi gratuit dans le lobby, mais font payer la connexion depuis la chambre. D'autres appliquent un modèle «freemium»: un WiFi gratuit, avec une bande passante réduite et généralement assez rapidement saturé, ainsi qu'un WiFi plus rapide et payant.

Le voyageur à la recherche d'une connexion gratuite et fiable n'a pas fini de s'arracher les cheveux.

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