ConcoursLe World Press Photo retire son prix à un photographe
La prestigieuse organisation a retiré le prix attribué au photographe italien Giovanni Troilo pour un portrait de la ville belge de Charleroi.

Un aperçu d'une des photos réalisées par Giovanni Troilo pour la série «La Ville Noire». Voir les photos ici.
Le World Press Photo a retiré mercredi 4 mars son prix attribué au photographe italien Giovanni Troilo pour un portrait de la ville belge de Charleroi (voir les photos controversées sur le site internet de ce dernier en cliquant ici).
Le maire lui avait adressé une lettre de protestation estimant que ses photos portaient préjudice à la ville et ses habitants.
«Après avoir reçu de nouvelles informations», le prestigieux concours de photojournalisme a indiqué mercredi dans un communiqué avoir «rouvert son enquête hier (mardi)» et conclu que la série de clichés «n'est pas conforme à ses règles» et que «le prix doit donc être retiré».
«La ville noire»
Cette série de dix clichés, «La ville noire», avait reçu en février le premier prix de la catégorie Problématiques contemporaines. Elle dépeint une ville rongée par la pauvreté, aux habitants marqués par le déclin industriel.
Mais le maire de Charleroi, Paul Magnette, avait jugé que les photos constituaient une «sérieuse déformation de la réalité portant préjudice à la ville et à ses habitants».
Dans un premier temps, le World Press Photo avait confirmé lundi l'attribution du prix et rejeté l'argument de Paul Magnette selon lequel certains clichés constituaient des «mises en scène».
Photo prise à Molenbeek
Mais les organisateurs du concours ont «appris que la photo d'un peintre créant une œuvre avec des modèles vivants avait en fait été prise à Molenbeek», l'une des communes de la capitale belge, Bruxelles, et non à Charleroi.
«Troilo a confirmé par téléphone et par email que l'image n'avait pas été prise à Charleroi, contrairement à ce qu'il avait affirmé en la présentant au concours. Cette information falsifiée constitue une violation des règles du concours», explique le World Press Photo.
«Au cours de la semaine passée, de nombreuses discussions ont eu lieu et le prix a été jugé contestable par beaucoup de personnes. Des questions ont été soulevées concernant le travail de Troilo, qui ont conduit à une enquête sur les circonstances et les méthodes de travail concernant un certain nombre de clichés», explique le directeur du World Press Photo, Lars Boering, dans le communiqué.
«Informations trompeuses»
«Jusqu'ici, nous avions maintenu le prix car il n'y avait pas de preuve tangible qu'une règle avait été enfreinte. Nous avons pris la question au sérieux et compris les enjeux. Nous voulions éliminer tout doute», explique-t-il encore, regrettant que des «informations trompeuses» aient été données par le photographe dans «un concours basé sur la confiance».
«Étant donné les diverses réactions que nous avons reçues au cours de la semaine passée, il me paraît clair que le débat qui a lieu sur les définitions de la photographie de presse, du photojournalisme et de la photographie documentaire est nécessaire, et qu'il aura des implications en ce qui concerne l'éthique des intéressés», commente encore Lars Boering.