SuisseLe WWF se penche sur les pratiques des banques
L'organisation a passé au crible la politique en matière de développement durable de 15 établissements financiers en Suisse. Seuls trois s'en sortent bien.

La Banque cantonale bernoise fait partie des établissements bien notés par le WWF.
Le WWF Suisse a passé pour la première fois à la loupe la politique des principales banques de détail helvétiques en matière de développement durable. Selon l'organisation de protection de l'environnement, seuls trois instituts sur les 15 examinés ont globalement de «bonnes pratiques».
La Banque cantonale bernoise (BCBE), le groupe Raiffeisen et la Banque cantonale de Zurich (BCZ) sont jugés «sur la bonne voie en matière de développement durable», conclut l'étude du WWF Suisse publiée mercredi. L'organisation a mené son enquête en collaboration avec l?agence d?évaluation Inrate.
A l'aune de la durabilité, la banque Valiant et PostFinance font figure de mauvais élèves. Elles sont considérées comme «retardataires» et obtiennent des notes «inférieures à la moyenne». Aucun des instituts examinés n?est jugé «pionnier» ou «visionnaire».
Les activités suisses d'UBS et Credit Suisse (Suisse) s'inscrivent en milieu de classement. Cette catégorie accueille encore les banques cantonales vaudoise, argovienne, lucernoise, saint-galloise ainsi que celles de Bâle et Bâle-Campagne. La Banque Migros et la Neue Aargauer Bank font aussi partie du lot.
Coeur de métier
La notation du WWF évalue les effets environnementaux - et en partie aussi sociaux - des principales activités commerciales des banques de détail locales. Elle se focalise donc sur l?épargne, les placements, la prévoyance, les crédits et le financement. La gouvernance d'entreprise a aussi été prise en compte.
Les aspects liés à l'environnement et à la durabilité semblent bien ancrés dans la gouvernance des entreprises étudiées. Mais en y regardant de plus près, celle-ci fait surtout la part belle aux économies d'énergie et de ressources par les banques elles-mêmes.
Pourtant, c'est leur coeur de métier qui est déterminant, souligne le WWF. C'est-à-dire la question de savoir quelles activités et quels secteurs sont financés, s'ils sont respectueux de l'environnement ou non.
Manque d'objectifs
Dans leur activité principale, «les plus grandes banques suisses de détail en sont encore, globalement, à leurs balbutiements en matière de développement durable», écrit le WWF. Toutes n'ont pas saisi l'importance des effets sur la durabilité de leurs prestations et de leurs produits, et peu d'entre elles ont fixé des objectifs qualitatifs, voire quantitatifs et concrets, en la matière.
Au niveau des comptes d'épargne par exemple, il n'existe souvent pas de lignes directrices en matière de respect de l'environnement. «Les banques pourraient communiquer, lors de l'attribution de crédits, dans quelles activités et dans quels secteurs liés à l'environnement et à la durabilité les fonds investis des différents segments d'épargne sont alloués», suggère le WWF.
Les produits durables de placement et de prévoyance du 3e pilier ont déjà une longue tradition en Suisse par exemple. Pourtant, ce marché n'est pas prioritaire. Seul pionnier dans ce domaine, le groupe Raiffeisen affiche une part de «produits durables» de 54% pour les placements et 92% pour la prévoyance privée.
Définir des normes
Encore faudrait-il des normes fiables pour les produits de placement et de prévoyance durables, à l'instar des normes biologiques pour les denrées alimentaires, note le rapport. L'idée serait par exemple d'indiquer au client quelle quantité de gaz à effet de serre un franc investi durablement génère - ou plutôt permet d'éviter - par rapport à un franc investi de manière non durable.
Les aspects environnementaux ne sont pas non plus très présents dans les crédits et les financements - sauf chez Credit Suisse et UBS, selon le WWF. Certes, il existe des éco-hypothèques (par exemple, un rabais pour financier un logement Minergie) et des produits de niche dans le domaine des transports, mais leur part dans le volume global reste inférieure à 5%.
Les banques approuvent
Quatorze banques ont participé activement à l'enquête, précisent les auteurs, sur la base d'un questionnaire. Une seule a été évaluée de manière «passive» à partir d'informations accessibles publiquement.
Epinglées, PostFinance et Valiant admettent toutes deux leur potentiel de rattrapage dans des prises de position séparées. PostFinance indique toutefois s'engager pour un investissement responsable, l'utilisation d'énergie renouvelable et l'équilibre travail-famille de ses 4000 collaborateurs.
Le numéro un bancaire helvétique salue l'étude du WWF, qui souligne le rôle «précurseur» d'UBS dans le secteur de gestion de risques de crédit écologiques, indique à l'ats un porte-parole. Pour sa part, Credit Suisse relève avoir reçu une évaluation «supérieure à la moyenne dans cinq des huit catégories analysées».