Grand prédateurLe WWF veut sauver l'ours M25
Le plantigrade, qui est arrivé en Suisse la semaine dernière, ne doit pas connaître la même triste fin que ses prédécesseurs. Le WFF lance aujourd'hui une pétition.
- par
- Sandra Imsand
«Le retour de l'ours en Suisse ne fait aucun doute.» Joanna Schönenberger, spécialiste des ours et ancienne ranger en Alaska, en est persuadée: à terme, le plantigrade sera à nouveau présent dans le pays. «On aimerait voir l'ours ailleurs que sur les armoiries de Berne», confirme Pierrette Rey, porte-parole du WWF. C'est pour cela que l'organisation de défense de l'environnement a décidé de lancer aujourd'hui la pétition «Viva M25» pour sauver la peau du jeune mâle de 2 ans et demi arrivé la semaine dernière dans les Grisons.
Tristes précédents
En Suisse, le retour de ce grand prédateur n'a pour l'instant pas été couronné de succès. Aussi bien JJ3 que M13, qui avaient choisi de s'établir en Suisse, ont été abattus. Un abattage jugé inutile par le WWF. Et c'est pour éviter que M25 ne subisse le même sort que l'organisation lance cette pétition. Objectif visé: 5000 signatures. Mais surtout une sensibilisation rapide de la population. Cette initiative dépasse le simple cadre cantonal. «Aujourd'hui M25 est aux Grisons, mais peut-être que dans trois jours, il se baladera du côté du Tessin», explique Pierrette Rey. C'est pour cela qu'il est indispensable d'également interpeller la Confédération.
Un jeune mâle curieux
Ce fameux ours M25, au cœur de toute cette agitation, Joanna Schönenberger le connaît bien. «C'est un jeune mâle typiquement curieux. Et pas un tueur de moutons, tel qu'il a été décrit. Afin qu'il ne perde pas sa timidité envers les hommes, il faut surtout éviter de chercher à le rencontrer et le photographier.»
Quant à son émetteur radio, qui permet de suivre ses mouvements, la Tessinoise l'explique par plusieurs raisons : «D'une part, lors de l'hiver dernier, l'ours s'est attaqué à du bétail. Les maires du Tyrol du Sud ont demandé à ce qu'il soit mieux surveillé. D'autre part, la province italienne a également perdu deux de ses trois ours suite à des collisions avec des voitures, en 2012. L'émetteur sert ainsi également à protéger le plantigrade en l'effrayant lorsqu'il s'approche d'un axe routier important.»
«Les Suisses doivent mériter cet ours»
Pour l'experte en plantigrade, la Suisse aurait beaucoup à apprendre de ses voisins. «Il n'est pas possible qu'un ours soit considéré comme un problème en Suisse alors que juste de l'autre côté de la frontière, ils savent comment le gérer. Les Italiens sont plus pragmatiques.» Elle dénonce la peur qui motive parfois les décisions liées aux grands prédateurs. «Nous devons essayer de mieux les connaître. Il faut que les Suisses méritent cet ours et acceptent un animal qui n'est pas toujours sous leur contrôle.»