DangerLe «Zèbre» menacé par le coup d'état
Expédié en Afrique, l'ancien camping-car de la RTS a dû être caché pour échapper aux putschistes du Burkina Faso qui menaçaient de détruire sa radio.
- par
- Sandra Imsand
Depuis le putsch mené le 17 septembre par le Régiment de sécurité présidentielle (RSP), garde prétorienne de l'ex-président Blaise Compaoré (chassé du pouvoir en octobre 2014), les médias du Burkina Faso sont sur les dents. En effet, des membres du RSP ont saccagé et brûlé de nombreux locaux de radios dans la capitale Ouagadougou et ses environs pour les empêcher de transmettre des informations à la population.
A Ouahigouya, troisième ville plus importante du pays, les choses étaient encore calmes. Jusqu'à ce qu'Adama Sougouri, directeur de la radio La voix du paysan, reçoive un appel téléphonique inquiétant. «Des personnes nous ont menacés du même sort que les radios de la capitale», explique le Burkinabé. Dans un premier temps, il ne donne pas suite à ces menaces et continue la diffusion de ses émissions. Puis, les putschistes ont commencé à gagner la province et à détruire de nombreuses radios sur le chemin. «Un soir, un ami m'a prévenu du danger.»
Le «Zèbre» caché dans une cour
Le directeur de la radio se résout alors à déménager sur-le-champ tout le matériel technique: émetteur, console, ordinateurs, pour le mettre en sécurité dans le «Zèbre». L'ancien camping-car mythique de la RTS appartient désormais à la radio burkinabé. Depuis le début de l'année, il sillonne les écoles de la région de Ouahigouya pour des émissions spéciales avec les élèves sur le thème de l'hygiène.
Une fois le matériel lourd mis à l'abri, le «Zèbre» a été caché. «Nous avons pu le mettre dans une cour qu'une personne nous a prêtée.» Pendant 36 heures, La Voix du paysan n'émettra pas. Jusqu'à ce que ses dirigeants décident de faire fi des menaces. «Les gens voulaient être informés de ce qui se passait. Nous avons dû prendre une décision: soit nous étions avec la population, soit nous étions sans ondes et nous soutenions le coup d'Etat de façon tacite.» Amada Sougouri et son équipe reprennent l'antenne. «La peur au ventre, mais aussi révoltés» tout en traitant l'information de la façon la plus équilibrée possible. Un courage salué par la population. «Les auditeurs sont venus nous voir pour nous féliciter.» Depuis, les saccages de radios ont stoppé, mais le Burkina Faso vit dans l'attente d'un véritable retour au calme. Et le «Zèbre» est toujours prêt à repartir se cacher.