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CLASSEMENTLéger recul de la liberté de la presse en Suisse

Selon le classement de Reporters sans frontières, la Suisse occupe le 15e rang des pays les plus libres.

Keystone

Le classement mondial de la liberté de la presse 2014 de Reporters sans frontières (RSF) révèle une dégradation de la situation aux Etats-Unis, en Centrafrique et au Guatemala. La Suisse occupe le 15e rang (14e en 2013), les experts déplorant en particulier une forme d'autocensure sous la pression économique.

«Une affaire comme celle de la perquisition en août au domicile du journaliste du 'Matin' Ludovic Rocchi n'a pas échappé aux experts qui ont établi ce classement», a précisé mardi soir à l'ats Thérèse Obrecht Hodler, présidente de la section suisse de RSF.

«Un métier notablement plus précaire en Suisse»

Même si, selon elle, ce classement ne repose pas sur des données scientifiques et qu'il souffre par conséquent d'une forme de subjectivité, «le métier de journaliste est devenu notablement plus précaire en Suisse».

L'ex-journaliste de la RTS cite aussi comme nouvelle entrave à l'exercice de cette profession le fait «que l'Office fédéral de la Justice fasse évaluer la Loi sur la transparence (LTrans)». Le texte prévoit que le Conseil fédéral puisse ajouter d'autres unités de l'administration fédérale pour les soustraire aux dispositions de la loi, en plus de la Banque nationale et de l'Autorité fédérale de surveillance des marchés financiers (Finma) déjà exclues.

«Nous espérons que cette évaluation sera favorable à la LTrans et ne signifiera pas un retour en arrière,» estime Thérèse Obrecht Hodler.

Sécurité nationale

Pour établir ce classement, les experts de RSF se sont basés sur sept indicateurs: le niveau des exactions, l'étendue du pluralisme, l'indépendance des médias, l'environnement et l'autocensure, le cadre légal, la transparence et les infrastructures.

«Le classement de certains pays, y compris des démocraties, est largement affecté cette année par une interprétation trop large et abusive du concept de la protection de la sécurité nationale. Par ailleurs, ce classement reflète l'impact négatif des conflits armés sur la liberté de l'«information et ses acteurs», affirme de son côté Lucie Morillon, directrice de la recherche de RSF, citée dans un communiqué.

Pays considéré actuellement comme le plus dangereux au monde pour la pratique du journalisme, la Syrie est classée 177e sur les 180 pays pris en compte. Le Turkménistan, la Corée du Nord et l'Erythrée ferment la marche.

L'ombre de Snowden

Les Etats-Unis ne figurent qu'au 46e rang de ce classement. Les experts de RSF ont notamment mis le doigt sur le traitement réservé outre-Atlantique à des donneurs d'alerte, tel Edward Snowden, pour justifier ce classement.

Montrés en exemple pour leur capacité à assurer et à maintenir un environnement optimal pour les acteurs de l'information, les contrées nordiques comme la Finlande, les Pays-Bas et la Norvège en tête à nouveau de ce classement annuel. Ces pays continuent année après année à donner le ton en matière de liberté de la presse, selon les données contenues dans ce rapport 2014.

(ats)

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