Coronavirus: Les allergiques ne doivent pas craindre le vaccin

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CoronavirusLes allergiques ne doivent pas craindre le vaccin

L’immense majorité des personnes ne court aucun risque en se faisant administrer l’un des vaccins contre la Covid. Et même pour celles présentant des allergies graves, une vaccination sous contrôle devrait être possible.

Michel Pralong
par
Michel Pralong
Les personnes qui se font vacciner restent sous surveillance un moment après l’injection pour s’assurer qu’aucune réaction allergique ne se produit. Si oui, elle est immédiatement traitée.

Les personnes qui se font vacciner restent sous surveillance un moment après l’injection pour s’assurer qu’aucune réaction allergique ne se produit. Si oui, elle est immédiatement traitée.

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Certaines personnes en Suisse, qui avaient réussi à obtenir un rendez-vous pour recevoir le vaccin contre le coronavirus se sont vues, au centre de vaccination, refuser l’injection. Car, juste avant la piqûre, le personnel médical doit demander au patient s’il a déjà eu des réactions allergiques sévères ayant nécessité une prise en charge en urgence. Ceux et celles qui ont répondu oui, citant notamment des réactions à la pénicilline, ont donc été renvoyés chez leur médecin pour de plus amples informations.

D’autres personnes, qui ont lu que, de par le monde, diverses réactions allergiques avaient été constatées suite à l’administration de l’un des vaccins contre le coronavirus et qui souffrent elles-mêmes d’allergie, se sont également inquiétées de leur côté. Y a-t-il donc des gens qui risquent de ne pas recevoir l’autorisation de se faire vacciner?

Qu’ils se rassurent. Il ne devrait y en avoir quasi aucun. Et même chez ceux pour qui le vaccin pourrait représenter un risque, sous sérieuse surveillance médicale son administration devrait représenter moins de danger pour elle que si elles ne se faisaient pas vacciner et étaient infectées par le virus. C’est ce que rappellent le Centre d’Allergie Suisse (aha) et la Société suisse d’Allergologie et d’Immunologie (SSAI) dans leurs recommandations pour les deux vaccins administrés pour l’instant dans notre pays, le Pfizer/BioNTech et le Moderna.

Les antécédents allergiques sont classés en trois groupes.

Catégorie verte, sans risque

Dans le vert sont répartis les cas les moins sévères: les allergies alimentaires, aux pollens, aux acariens, aux animaux, aux venins d’insectes, au latex et même à des médicaments si, dans ce cas, la réaction n’a été que cutanée.

Toutes ces personnes peuvent se faire vacciner sans problème, d’autant que, rappelle-t-on, les vaccinés restent sous surveillance médicale durant les 15 minutes suivant l’injection. Car toute réaction allergique grave se manifeste presque toujours immédiatement. Si elle devait survenir, le personnel soignant qui vaccine peut immédiatement la traiter, ayant à sa disposition un équipement d’urgence, comme des injecteurs d’adrénaline (Epipen).

Si aucune réaction n’a été observée après l’injection d’un des deux vaccins contre le coronavirus, ce temps de surveillance pourra être abaissé à 5 minutes lors de la deuxième injection trois ou quatre semaines plus tard.

Catégorie jaune, peu de risques

Dans cette catégorie figurent les personnes qui ont connu des réactions allergiques graves (degrés 3 et 4 sur l’échelle 1 à 4), à savoir par exemple un collapsus ou une crise d’asthme et dont on n’a pas identifié avec certitude le produit qui en est à l’origine. Par exemple, une personne qui a fait une réaction suite à une injection de pénicilline n’est pas forcément allergique à cette substance, mais peut l’être à une autre contenue dans le liquide d’injection. Il faut avoir fait des investigations pour identifier la substance allergène.

Dans ces cas-là, il faut alors demander l’avis d’un spécialiste en allergologie et immunologie qui, justement, va tenter d’identifier la source et le degré de l’allergie. Si le produit ne figure pas parmi ceux qui seront cités plus bas dans la catégorie rouge, le vaccin devrait alors très probablement être possible. Mais il faut prolonger à 30 minutes la période durant laquelle le patient devra être sous surveillance après l’injection.

Figurent également dans cette catégorie les personnes souffrant d’urticaire chronique, de mastocytose ou chez qui les taux de tryptase sérique sont plus élevés. Ce sont des maladies rares et, normalement, les personnes qui en souffrent sont informées. Pour elles, là aussi le vaccin reste possible, mais il faut leur administrer un antihistaminique une heure avant l’injection et les surveiller la demi-heure qui suit.

Pareil pour toute personne (au courant de son allergie ou non) qui ferait une réaction cutanée de type urticaire local suite à la première injection du vaccin: il faut alors consulter un allergologue et, si la deuxième injection est possible (ce qui est probable) la faire sous antihistaminique et sous surveillance.

Catégorie rouge, risques élevés

Ne sont ici concernées que les personnes qui sont directement allergiques à l’un des composants des deux vaccins administrés en Suisse. C’est-à-dire au polyéthylène glycol présent à la fois dans le Pfizer et le Moderna ou/et (on peut être allergique aux deux) à la trométhamine contenue uniquement dans le Moderna. Si l’on est allergique qu’à cette dernière substance, le signaler pour demander le vaccin Pfizer. On peut évidemment ne pas le savoir, mais toute personne qui aura fait une allergie sévère suite à la première injection entre dans cette catégorie.

Pour ces personnes, le vaccin est donc contre-indiqué, mais là encore, pas forcément impossible. On pourra par exemple attendre les futurs vaccins, qui ne contiendront peut-être pas ces substances. Voire carrément prendre le risque de recevoir l’injection quitte à faire une réaction. Le professeur Peter Schmid-Grendelmeier, allergologue auprès de l’Hôpital de Zurich, nous rappelle que «certaines personnes font des réactions allergiques fortes au vaccin contre la grippe voire à des traitements contre le cancer. Mais mieux vaut tout de même leur administrer le médicament, en prenant d’énormes précautions avec surveillance de soins intensifs, prémédication, etc. Elles courent moins de risques que si elles ne le prennent pas. C’est pareil avec le coronavirus. Il faut tout faire (investigation du degré d’allergie auprès d’un allergologue) pour pouvoir administrer le vaccin, sous surveillance médicale intense, bien entendu».

Allergies rarissimes

Pour lui, les personnes présentant une très forte allergie au vaccin devraient être très très rares. «On estime leur nombre à une sur 100 000. Et, jusqu’à ce jour, sur les millions de personnes qui ont déjà reçu le vaccin, heureusement aucune n’est décédée suite à une allergie et celles qui en ont fait une ont toutes été guéries».

Ce qui se confirme avec les premières données communiquées ce 28 janvier sur les vaccinations aux États-Unis: sur les 10 millions de personnes qui ont reçu le vaccin Pfizer-BioNTech, 50 ont eu un choc anaphylactique, soit cinq cas par million de doses. Pour le vaccin Moderna, c’est 21 cas pour 7,6 millions de personnes vaccinées, soit 2,8 cas par million de doses. 90% de ces fortes réactions se sont produites dans la demi-heure suivant l’injection et toutes les personnes ont été soignées et s’en sont bien remises.

Ces informations sont essentielles puisque, non seulement (et c’est le principal) le coronavirus peut être mortel ou provoquer des maladies graves si l’on n’est pas vacciné mais également, dans un avenir proche, l’accès à certaines activités (comme prendre l’avion) pourrait être interdit aux personnes non vaccinées. On ne devrait donc pas pouvoir refuser le vaccin à toute personne qui le souhaite, même sous prétexte d’allergie. Pour les cas très rares et délicats du point de vue allergologique, un entretien avec l’allergologue peut également permette de trouver, également pour ces patients, une solution pour le vaccin contre le coronavirus.

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