Publié

AutopsieLes amateurs comme les pros se blessent souvent seuls

Même si le football est l'un des sports les plus populaires, qui a d'indéniables bienfaits pour notre métabolisme, il n'en est pas moins l'un des plus risqués (voir encadré). Et cela, pour les professionnels comme pour les amateurs.

par
Winnie Covo. Avec la collaboration de www.planetesante.ch

C'est souvent seul que le footballeur se blesse. «La plupart des blessures musculaires ainsi que la plupart des blessures du genou se font sans contact, explique le Dr Marcos Del Cuadro, spécialiste de la médecine du sport au centre Vidy Med à Lausanne. Lors d'un démarrage, d'un changement de direction, à la réception d'un saut ou tout simplement en courant sur le terrain, un joueur peut se déchirer les ligaments croisés, les ligaments collatéraux ou les ménisques.» Si tacles et autres chocs avec un adversaire sont difficiles à prévenir autrement que par un respect collectif, les blessures qu'un joueur s'inflige à lui-même peuvent, quant à elles, être évitées.

L'échauffement est essentiel

C'est le manque de condition des footballeurs – qu'ils jouent à Manchester United ou dans leur jardin avec des amis – qui favorise ces lésions sans contact. «Souvent, on constate chez le footballeur, même professionnel, un déséquilibre entre les muscles du tronc (ceintures lombaire et abdominale), du bassin (muscles fessiers) et des membres inférieurs (muscles ischio-jambiers et quadriceps). Ce déséquilibre favorise une surcharge musculaire chronique, aboutissant par exemple à des pubalgies (douleurs musculaires ou tendineuses de la région pubienne, ndlr) ou des claquages musculaires à répétition. Il est aussi à l'origine d'une instabilité du genou. Et la seule manière de parer à ces dégâts est le renforcement, associé à l'étirement, de l'ensemble de ces groupes musculaires, ainsi que le développement des abdominaux et des muscles du dos.»

La Fédération internationale de football (FIFA) a d'ailleurs sorti les grands moyens afin de sensibiliser les joueurs de tout niveau aux bienfaits d'un entraînement et d'un échauffement spécifiques: un guide baptisé «11 +» a été imaginé tout spécialement pour éviter les blessures. Une étude menée en 2010 en Suisse sur deux mille jeunes joueurs indique que ceux qui l'ont consciencieusement mis en pratique ont eu un taux de blessures (sans choc direct) de 30 à 50% inférieurs à ceux qui ont suivi un entraînement ordinaire. «Il s'agit d'exercices simples que la plupart des joueurs connaissent mais ne font jamais», souligne le Dr Del Cuadro. Le programme compte quinze exercices au total, divisés en trois parties: des exercices de course tranquille combinés à des étirements et à des contacts contrôlés avec un partenaire; six exercices axés sur la puissance du buste et des jambes, sur l'équilibre et l'agilité, chacun des exercices comprenant trois niveaux de difficulté; et enfin des exercices de course plus rythmée, associés à des démarrages et des reprises d'appui.

Pour démontrer les bienfaits de l'entraînement, le Dr Del Cuadro prend l'exemple de l'ancien joueur de la Juventus de Turin, le Tchèque Pavel Nedved: «Il est l'un des très rares joueurs qui, hormis les coups pris lors de contacts, ne s'est jamais blessé. Un fait étonnant qu'il a lui-même expliqué par le fait que, dès son plus jeune âge, il a toujours privilégié un bon entraînement de renforcements/étirements et échauffements adéquats.» Une façon de rappeler aux amateurs que débouler sur le terrain fier comme un paon, sans échauffement aucun, et décider de shooter de toutes ses forces dans le ballon pour impressionner la galerie, c'est prendre le risque de se déchirer les muscles. En résumé: c'est une très mauvaise idée!

Faut-il interdire les têtes?

Ton opinion