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EbolaLes Américains ont multiplié les faux pas

La deuxième contamination d'une soignante au chevet du premier patient à avoir été diagnostiqué aux États-Unis révèle une série de défaillances dans la gestion américaine du virus mortel.

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Des chercheurs ont découvert un anticorps qui neutralise les trois principales souches du virus Ebola en analysant le sang d'un survivant de la dernière épidémie en Afrique. Cette découverte pourrait ouvrir la voie à un premier vaccin doté d'une efficacité étendue. (Jeudi 18 mai 2017)

Des chercheurs ont découvert un anticorps qui neutralise les trois principales souches du virus Ebola en analysant le sang d'un survivant de la dernière épidémie en Afrique. Cette découverte pourrait ouvrir la voie à un premier vaccin doté d'une efficacité étendue. (Jeudi 18 mai 2017)

Keystone
Un vaccin contre Ebola, mis au point par des chercheurs canadiens, fera prochainement l'objet d'une nouvelle phase d'essais cliniques. (Mardi 18 octobre 2016)

Un vaccin contre Ebola, mis au point par des chercheurs canadiens, fera prochainement l'objet d'une nouvelle phase d'essais cliniques. (Mardi 18 octobre 2016)

Keystone
L'Organisation mondiale de la santé (OMS) a déclaré la fin de l'épidémie Ebola en Guinée. (Mercredi 1er juin 2016)

L'Organisation mondiale de la santé (OMS) a déclaré la fin de l'épidémie Ebola en Guinée. (Mercredi 1er juin 2016)

AFP

Le président Barack Obama et les responsables sanitaires américains avaient affirmé en septembre être préparés au fait que l'épidémie d'Ebola, qui a fait près de 4500 morts en Afrique de l'Ouest, pouvait s'étendre aux États-Unis. Et que la contamination serait rapidement contenue.

Mais lorsqu'un Libérien, revenu tout juste de ce pays africain le plus touché par l'épidémie, s'est présenté le 25 septembre dans un hôpital de Dallas avec de la fièvre et des douleurs musculaires, il a été renvoyé chez lui quatre heures plus tard, mettant sa famille et le personnel soignant en danger de contamination.

Et lorsqu'il a été de nouveau transporté le 28 septembre aux urgences de ce même hôpital victime de nausées et de diarrhées --ce qui le rendait hautement contagieux-- des dizaines de soignants se sont occupés de lui sans se protéger de manière suffisante.

Ebola n'a été diagnostiqué sur Thomas Eric Duncan que le 30 septembre. Il est mort le 8 octobre.

«Malheureusement, lors du traitement initial de Thomas Eric Duncan, malgré nos meilleures intentions et une équipe médicale hautement qualifiée, nous avons fait des erreurs», a admis le Dr Daniel Varga, chef clinique de la compagnie Texas Health Resources qui gère l'hôpital de Dallas.

Symptômes pas correctement diagnostiqués

«Nous n'avons pas correctement diagnostiqué ses symptômes comme étant ceux d'Ebola. Nous sommes profondément désolés», ajoute-t-il dans un témoignage écrit aux élus de la commission à l'Energie et au Commerce de la Chambre des représentants. Cette commission étudie la réponse à l'épidémie.

Les Centres américains de contrôle et de prévention des maladies (CDC) ont identifié en tout 118 personnes qui ont pu entrer en contact direct ou indirect avec Thomas Eric Duncan. Plus de la moitié d'entre elles sont des soignants.

La première contamination a été annoncée dimanche: une infirmière, Nina Pham, suivie mercredi par une autre soignante. Toutes deux avaient été au chevet du malade libérien.

«Ce qui s'est produit, peu importe les raisons, est inacceptable», s'est indigné le directeur de l'Institut américain des allergies et des maladies infectieuses (NIAID), le Dr Anthony Fauci.

Contamination «très inquiétante»

Cette deuxième contamination est «très inquiétante», a réagi le directeur des CDC, Thomas Frieden, disant se «préparer à l'éventualité de nouveaux cas dans les jours prochains».

Un syndicat d'infirmières a fait savoir que l'hôpital texan où le Libérien est mort n'avait fourni au personnel aucun protocole pour traiter les patients contaminés par le virus.

«Thomas Eric Duncan a été laissé pendant plusieurs heures, sans être placé à l'isolement, dans une zone où il y avait d'autres patients. Personne ne savait quels étaient les protocoles, ni quel équipement de protection devait être porté. Il n'y avait aucune formation», a déclaré le syndicat.

Les infirmières ont par ailleurs précisé que les échantillons de sang du malade n'avaient pas été spécialement conditionnés ni livrés en main propre aux laboratoires comme il est recommandé.

«Les premières infirmières qui ont reçu Thomas Eric Duncan portaient une simple blouse non imperméable, trois paires de gants qui n'étaient pas étanchéifiés au niveau des poignets par du ruban adhésif et un masque chirurgical», a ajouté le National Nurses United. «Les combinaisons qu'on leur avait données laissaient leur cou et les parties tout près de leur visage et de leur bouche exposés».

Meilleure formation et meilleur équipement exigés

Le syndicat a envoyé une lettre au président Obama pour exiger une meilleure formation et un meilleur équipement.

Le Dr Daniel Varga a toutefois insisté sur le fait que Nina Pham «était connue pour être une infirmière extrêmement qualifiée, et elle utilisait toutes les mesures de protection inscrites dans les protocoles des CDC, donc nous ne savons pas encore précisément comment et quand elle a été infectée».

Le directeur des CDC a de son côté fait valoir mercredi que les personnels de l'hôpital de Dallas «avaient utilisé de manière très variable les équipements personnels de protection», notamment en superposant les couches, ce qui multiplie le risque de contamination en rendant plus difficile le fait de les enlever.

Le docteur Frieden a également reconnu qu'il aurait dû envoyer une équipe des CDC à Dallas dès la découverte du premier cas pour former le personnel.

«Nous avons affaire à une maladie avec laquelle nous ne sommes pas familiers aux États-Unis. C'est difficile», a-t-il concédé, assurant que des spécialistes seraient immédiatement envoyés en cas de nouvelle contamination.

Dernière faille dans la gestion des CDC: la deuxième soignante contaminée a pris l'avion entre l'Ohio et le Texas la veille du jour où elle a été diagnostiquée.

«Elle faisait partie des personnes dont on savait qu'elle avait été exposée à Ebola. Elle n'aurait pas dû prendre l'avion», a déploré Dr Frieden.

Les autorités ont demandé aux 132 passagers de se signaler auprès des CDC.

(AFP)

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