Manifestation: Les antivaccins mécontents en Italie

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ManifestationLes antivaccins mécontents en Italie

Pour protester contre la vaccination obligatoire des écoliers, 130 familles s'apprêtent à se réfugier en Autriche. Dans tout le pays, des manifestants défient le gouvernement.

Ariel F. Dumont
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Ariel F. Dumont
Comme ici à Aoste, les parents antivaccins manifestent depuis une semaine contre le décret de Rome.

Comme ici à Aoste, les parents antivaccins manifestent depuis une semaine contre le décret de Rome.

Keystone

Le torchon brûle entre la ministre italienne de la Santé, Beatrice Lorenzin, et le mouvement antivaccin. À l'origine de cette âpre dispute, le décret publié mardi dernier rendant la vaccination obligatoire pour l'inscription à l'école dès la rentrée prochaine, sous peine d'exclusion des élèves et d'une amende salée pour les parents. Cerise sur le gâteau: les géniteurs antipiqûres seront aussi signalés au Tribunal des mineurs, qui ouvrira une procédure pouvant aller jusqu'à la suspension temporaire de l'autorité parentale.

Des dispositions inacceptables pour les antivaccins, qui défilent depuis une semaine dans les grandes villes de la Péninsule aux cris de «liberté, liberté». À Rome, de nombreuses familles ont ainsi manifesté pour défier la ministre de la Santé en jurant qu'ils ne feront jamais piquer leur progéniture. «Cela n'a aucun sens, ces trucs de vaccins. Nous avons tous eu la rougeole et nous sommes bien vivants», s'énerve Bianca. Cette bobo à la jolie soixantaine soutient les manifestants, même si elle ne marche pas avec eux.

L'ONU alertée

Soit, mais tout ce bruit risque d'être peine perdue, Beatrice Lorenzin n'ayant pas l'intention de faire marche arrière. Le mouvement antipiqûre l'a compris, mais n'a pas l'intention pour autant de rendre les armes. Au contraire. Dans ce bras de fer, les deux parties sont résolues à tout. Comme les 130 familles qui s'apprêtent à demander l'asile politique en Autriche, au prétexte que leur liberté de choix n'est pas respectée.

Ces familles qui habitent dans la région de Bolzano, aux portes de l'Autriche, ont déjà écrit au président de la République, Sergio Matarella, pour l'informer de leur décision. Elles ont aussi contacté le Conseil des droits de l'homme de l'ONU et le président de la République autrichienne. «Les vaccins sont une cochonnerie chimique qui met la santé de nos enfants en danger», tonne l'activiste Reinhold Holzer, qui s'est proclamé chef de la révolte des parents de la région du Haut-Adige.

Déchu de son autorité parentale

L'homme est un vétéran de la lutte antipiqûre. Dans les années 1990, Reinhold Holzer s'était réfugié en Autriche avec sa femme et ses enfants, le Parquet de Rome l'ayant provisoirement déchu de son autorité parentale car il refusait de faire vacciner ses enfants. Aujourd'hui, il reprend du service en défendant la cause des parents antivaccins pour plusieurs raisons.

«Les habitants du Haut-Adige sont très sensibles à la question de l'environnement. Du coup, ils sont très sensibles à la question des vaccins», affirme le paladin antipiqûre. «Comme argument, il y a mieux», ironisent de leur côté les partisans de la seringue. Au fil des jours, le fossé de l'incompréhension entre les deux camps s'élargit. Certains parents agitent aussi la menace d'un recours devant les tribunaux italiens. D'ici à la rentrée, les avocats transalpins ne vont pas chômer!

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