Fièvre Q«Les autorités ont trop tardé»
Quatorze Vaudois sont atteints de la maladie. Le Service vétérinaire a-t-il pris la mesure du problème? Un malade que «Le Matin» a rencontré est convaincu que non.
- par
- Laurent Grabet

C'est depuis cette ferme d'Aran (VD) que le troupeau de moutons contaminé par la bactérie «Coxiella burnetii» a propagé la fièvre Q à l'homme.
En apparence, Paul* pète la forme. Mais c'est loin d'être le cas. Diarrhées, palpitations, douleurs musculaires, nausées… comme 13 autres personnes dans la région de Lavaux, ce Vaudois se bat contre la fièvre Q. Et il en a pour des mois d'antibiotiques avant d'être tiré d'affaire! «J'aimerais éviter que d'autres ne subissent le même sort et je crois que tout n'a pas encore été fait pour cela», s'inquiète Paul. Pour lui, le canton a tardé à prendre la mesure de la situation.
Réaction ad hoc
Dès mars, le Service vétérinaire était alerté qu'un troupeau de 200 moutons localisés à Aran était en cause. Début juin, le vétérinaire cantonal Giovanni Peduto expliquait que l'enquête épidémiologique n'avait pas permis d'établir un lien entre ces cas de fièvre Q et ce cheptel. Il recommandait de se laver les mains pour diminuer les risques d'infection. Un peu court pour Paul et d'autres victimes de la Coxiella burnetii (lire encadré). D'autant que, suite à de nouvelles analyses demandées par le Service vétérinaire, il a finalement été établi que 12 des 14 contaminés connus l'ont bel et bien été suite à un passage près du troupeau («Le Matin» de mercredi). Courant mai, ce dernier a pris ses quartiers d'été dans un alpage isolé de l'Hongrin (VD), où il a rejoint 1800 autres bêtes, qui, elles, sont saines. Giovanni Peduto estime que son service a agi de manière ad hoc. «La bergerie a été vidée et désinfectée fin mai, même si nous n'étions pas encore sûrs que le troupeau incriminé était bien en cause. Et ces bêtes vont être vaccinées d'ici peu.»
Actuellement, les risques de contamination sont bien moindres car la période d'agnelage est terminée. «Moindres, mais pas nuls», concède le médecin cantonal Karim Boubaker. Car la bactérie survit très bien dans l'environnement et résiste à certains produits de désinfection. Pour le fonctionnaire, il n'y a pas lieu de tomber dans la psychose. «Je doute que nous enregistrions des dizaines de nouveaux cas sérieux. La fièvre Q est connue et frappe grosso modo trois habitants du canton chaque année. Or seulement 0,2% des personnes infectées développent une forme chronique.» Paul espère que les éventuels nouveaux contaminés ne viendront pas gonfler cette statistique.