Publié

JaponLes autorités sous-estiment la radioactivité à Fukushima

Selon Greenpeace, les mesures officielles de radiation effectuées autour de la centrale nucléaire de Fukushima ne sont pas fiables. La radioactivité serait par endroits entre 6 et 1000 fois supérieure à ces mesures.

La centrale nucléaire de Fukushima.

La centrale nucléaire de Fukushima.

AFP

Les mesures officielles de radiation effectuées par les autorités japonaises dans la région autour de la centrale nucléaire de Fukushima ne sont pas fiables, a affirmé mardi Greenpeace dans un communiqué. Selon l'organisation, la radioactivité serait par endroits entre 6 et 1000 fois supérieure à ces mesures.

Sur les quarante stations de mesures officielles de la ville de Fukushima, plus de 75% d'entre elles ont indiqué des taux de radiations inférieurs à ceux relevés à proximité par une délégation d'experts internationaux de Greenpeace envoyés sur place. Ceux-ci ont ainsi mesuré dans un rayon de 25 mètres autour de ces stations, une radioactivité jusqu'à 6 fois supérieure aux taux officiels.

Dans certains points de contamination intense - les «Hot Spots» - la radioactivité peut même atteindre un taux 1000 fois supérieur à celui observé par ces stations officielles, notamment au centre ville et dans des parcs.

Selon une experte en radiation de l'organisation, ces appareils sont protégés des radiations par les structures métalliques ou de béton environnantes, ce qui fausse les mesures. Et le responsable des questions nucléaires pour la section suisse de l'ONG, Florian Kasser, d'ajouter: «les mesures officielles se font dans des endroits décontaminés. Cela donne un faux sentiment de sécurité à la population».

Carence d'informations

Les relevés effectués par la délégation d'experts indiquent également des niveaux de radiation atteignant parfois 13 fois la limite autorisée, avec plus de 3 microsieverts par heure dans des parcs et des écoles de la ville. La limite a été fixée à 0,23.

De plus, «la population reste très peu informée sur les moyens de se protéger des radiations», a déploré M. Kasser mardi, interrogé par l'ats. «Il suffirait de quelques indications simples, comme de ne pas laisser les enfants jouer à proximité des écoulements d'eau, tous très fortement contaminés, pour limiter les effets néfastes liés à la radioactivité». Une problématique qui reflète selon l'expert l'attitude du gouvernement à maintenir le flou sur les risques.

L'ONG appelle donc les autorités japonaises à mettre en oeuvre une politique d'information honnête et combative, afin que les personnes apprennent à se protéger par elles-mêmes.

Décontamination

Au sujet des travaux de décontamination, Greenpeace dit avoir mesuré des taux au-dessus de la norme légale dans le village d'Iitate, à 39 km au nord-ouest de la centrale et où les autorités espèrent renvoyer bientôt des habitants évacués. «Il est impossible que cette région soit un jour entièrement libérée du danger de la radioactivité. Le gouvernement doit avoir le courage de l'admettre ouvertement et de le dire à la population», ajoute M. Kasser

Consécutif à un séisme de magnitude 9 et à un tsunami géant, l'accident dans la centrale de Fukushima Daiichi avait provoqué d'importantes émissions radioactives dans la région. Une centaine de milliers de personnes avaient dû quitter leurs domiciles.

Une «note d'espoir» pour les agriculteurs

La situation des agriculteurs dans la région touchée par l'accident de la centrale nucléaire de Fukushima Daiichi au Japon reste difficile. Mais quelques initiatives à échelle locale offrent une «note d'espoir», selon Florian Kasser, responsable des questions nucléaires pour la section suisse de Greenpeace.

Au cours d'une mission avec un groupe d'experts de l'ONG, M. Kasser a constaté sur place les conséquences de la catastrophe, consécutive à un séisme et un tsunami géants, sur cette frange de la population. «Personne ne veut acheter de produits provenant de Fukushima. Les agriculteurs de la région ont perdu 60 à 80% de leurs revenus», indique-t-il dans un entretien à l'ats.

Sous l'impulsion de la coopérative agricole Nomiren Fukushima, un nouveau segment est mis à profit pour pallier ce manque à gagner: celui des énergies renouvelables.

L'association encourage en effet les agriculteurs à se doter d'installations solaires sur les champs et bâtiments contaminés. Des projets sont déjà en cours, souligne l'expert. Les paysans sont ainsi rémunérés, en vertu d'une loi nippone sur les énergies renouvelables qui oblige les compagnies d'électricité à acheter à un tarif fixé la production fournie par des tiers.

(ats)

Ton opinion