Suisse: Les branches exportatrices pâtissent toujours du franc fort

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SuisseLes branches exportatrices pâtissent toujours du franc fort

Selon Credit Suisse, l'industrie, le commerce de détail et une partie du secteur touristique font face à l'érosion de leurs marges et sont moins compétitifs.

Les plus forts replis ont été enregistrés dans la construction de véhicules, les équipements électriques et l'industrie pharmaceutique,comme ici le site de Bâle.

Les plus forts replis ont été enregistrés dans la construction de véhicules, les équipements électriques et l'industrie pharmaceutique,comme ici le site de Bâle.

Keystone

Même si la Suisse a échappé à la récession au 2e trimestre, avec PIB réel en progrès de 0,2% sur trois mois, l'image favorable reste trompeuse, estime Credit Suisse. Franc fort oblige, l'industrie, le commerce de détail et une partie du secteur touristique font face à une perte de compétitivité internationale et à l'érosion de leurs marges.

Marché intérieur robuste

Les taux de croissance réels, soit corrigés des prix, du produit intérieur brut (PIB) ne reflètent pas les baisses de revenus des branches exportatrices, alors que la demande n'a pas forcément baissé, explique Credit Suisse dans son dernier manuel des branches publié mercredi. Cette évolution diffère sensiblement de celle toujours robuste de marché intérieur - du moins en termes nominaux.

En représentation nominale, les impulsions de croissance sont venues principalement des secteurs proches de l'Etat comme la santé et l'enseignement. A l'opposé, l'industrie, le commerce et l'hôtellerie-restauration doivent composer avec une perte de valeur ajoutée.

Si dans l'industrie, certains secteurs parviennent à mieux gérer la vigueur du franc, tous en souffrent. Sur l'ensemble du premier semestre, aucune des grandes branches industrielles n'a pu augmenter ses ventes.

Pharmacie et horlogerie résistantes

Les plus forts replis ont été enregistrés dans la construction de véhicules (-14,1% en comparaison annuelle), la fabrication d'équipements électriques (-10,9%) et l'industrie pharmaceutique (-7,8%). Toutefois, cette dernière, au vu de marges confortables, devrait mieux supporter la contraction de ses ventes que la métallurgie, par exemple, dont les revenus ont fléchi de 5,9%.

L'industrie horlogère, moins sensible aux prix que d'autres secteurs, s'en est elle aussi bien sortie. Le repli de ses exportations de 1,2% après huit mois en 2015 par rapport à la période correspondante de l'an passé, s'explique plus par le tassement de la demande à Hong Kong et en Chine que par la vigueur du franc.

Reste que les experts du numéro deux bancaire helvétique évoquent une marche des affaires en demi-teinte pour l'industrie horlogère helvétique au cours des prochains mois et en 2016. Une prévision qui s'appuie principalement sur les incertitudes pesant sur l'évolution d'importants marchés, tout particulièrement la Chine.

Le secteur des machines s'est lui aussi montré résistant au 2e trimestre, mais la baisse parfois marquée des commandes au printemps, que suggère l'enquête du centre de recherches conjoncturelles (KOF) devrait se traduire par un ralentissement de la production au 2e semestre.

Grande incertitude de prévision

Plutôt orientée sur le marché intérieur, l'industrie alimentaire a aussi bien résisté, son chiffre d'affaires ne diminuant que de 0,7%. Cette évolution devrait se poursuivre sur l'ensemble de l'année, alors qu'une stagnation, voire une légère hausse des ventes est attendue l'an prochain.

Considérée dans son ensemble, l'industrie devrait continuer de souffrir, avec une croissance aussi mauvaise ces prochains moins qu'au cours du premier semestre. Cependant, le creux de la vague devrait être franchi courant 2016, notamment à la faveur de la reprise conjoncturelle en Europe.

Credit Suisse note néanmoins une incertitude de prévision élevée. La future marche des affaires de l'industrie dépendra grandement de l'évolution du rapport de change entre le franc et la monnaie unique.

Dans la construction, la lente stabilisation de la conjoncture devrait se poursuivre, avec des chiffres d'affaires atteignant cette année un niveau inférieur à celui de 2014. Credit Suisse écarte cependant une chute des revenus, les commandes dépassant actuellement de 1,8% la moyenne des dix dernières années.

Dégringolade du commerce de détail

Tirant profit d'une météo favorable, le tourisme a contre toute attente enregistré un été très réjouissant, selon la banque. Mais la situation reste difficile, en particulier dans les régions alpines. Pour le reste de l'année et 2016, les nuitées de clients européens devraient encore diminuer.

Le commerce de détail poursuit quant à lui sa dégringolade et les perspectives demeurent sombres pour 2016. Les chiffres d'affaires devraient au mieux stagner tant qu'aucune dépréciation marquée du franc ou une embellie du climat de consommation ne se profile.

(ats)

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