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SurveillanceLes cabinets d'audit ne sont pas assez indépendants

Les auditeurs ne sont pas toujours suffisamment critiques, selon l'Autorité fédérale de surveillance (ASR). Des infractions aux règles d'indépendance ont été constatées dans plusieurs dossiers

L'Autorité fédérale de surveillance cherche à déterminer si le réviseur de KPMG, lors de son contrôle des comptes de Philipp Hildebrand, a opéré d'une manière qui enfreint les règles d'indépendance.

L'Autorité fédérale de surveillance cherche à déterminer si le réviseur de KPMG, lors de son contrôle des comptes de Philipp Hildebrand, a opéré d'une manière qui enfreint les règles d'indépendance.

Keystone

L'Autorité fédérale de surveillance en matière de révision estime, dans son rapport 2011 publié jeudi, que les organes de révision des sociétés ouvertes au public doivent «affûter davantage leur esprit critique». Les contrôles effectués s'avèrent parfois lacunaires, selon elle.

Ce n'est que si l'organe de révision fait preuve de fermeté face à la direction et au conseil d'administration de la société révisée que la révision peut être utile.

Baisse des honoraires

L'ASR s'inquiète aussi de la baisse des honoraires des auditeurs. Cette tendance peut avoir des conséquences sur la qualité du travail, a expliqué le directeur de l'Autorité de surveillance Frank Schneider devant la presse à Berne.

Les sociétés de révision essaient de réduire leurs coûts et vont parfois jusqu'à externaliser certaines tâches à l'étranger. Cette démarche peut nuire à la qualité des révisions dans la mesure où elle casse la relation de proximité avec le client et ouvre la porte à du personnel insuffisamment qualifié.

L'indépendance du cabinet d'audit est aussi fondamentale, selon l'ASR. Elle fera d'ailleurs de ce thème son cheval de bataille en 2012.

Lors d'une de ses enquêtes, l'Autorité de surveillance a par exemple découvert que le réviseur était marié avec l'une des responsables des finances de l'entreprise qu'il contrôlait. Ce lien ne figurait pas dans l'audit.

Affaire Hildebrand

Autre exemple significatif de la nécessité d'un organe indépendant, le mandat donné par la Banque nationale suisse (BNS) à KPMG dans le cadre de l'affaire de l'ancien président de la BNS Philipp Hildebrand. Alertée par des tiers, l'ASR examine ce cas, a relevé Frank Schneider, revenant sur une information de la NZZ am Sonntag.

Elle cherche à déterminer si le réviseur de KPMG, lors de son contrôle des comptes de Philipp Hildebrand, a opéré d'une manière qui enfreint les règles d'indépendance. Si c'était le cas, il pourrait perdre son accréditation.

Concentration

Trois grandes sociétés se partagent la plus grande part du marché suisse de la révision. A elles seules, Ernest & Young, KPMG et PricewaterhouseCoopers (PwC) couvrent 95% de la capitalisation boursière.

L'ASR n'a aucun intérêt à une trop grande concentration dans ce secteur. La défaillance de l'une d'elle pourrait mettre en péril l'équilibre du système, prévient-elle.

(ats)

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