FootballLes clubs sont entrés en conclave, sous tension
L'assemblée générale extraordinaire de la SFL vient de commencer au Stade de Suisse. Elle promet d'être houleuse.
- par
- Sport-Center

Les 20 clubs de Swiss Football League sont réunis dans les salons du Stade de Suisse, à Berne.
Dans un monde idéal, tout passerait comme une lettre à la poste. La Swiss Football League déroulerait son ordre du jour et l'assemblée de ce vendredi n'aurait rien d'extraordinaire: les vingt clubs voteraient tous d'une même voix pour la reprise du championnat, quitte à jouer les prolongations à huis clos ou presque jusqu'au mois d'août. Dame: c'est du foot, ça se décide sur le terrain, et pas dans les bureaux, sur un tapis, fût-il vert.
Le monde des bisounours attendra. Si le football suisse joue son avenir, ce sera dans l'adversité. D'un côté la SFL, l'organe qui représente les clubs, qui met en place le championnat et qui est supposé proposer des solutions, les meilleures pour tous. De l'autre les clubs. Ou chacun défend ses intérêts propres, même si, parfois, ils ne sont pas compatibles avec ceux du football en général. Forcément, il y a des tensions.
La menace de Teleclub
La ligue, c'est un secret de Polichinelle, pousse pour la reprise du championnat. Il a été arrêté en raison du Covid-19 au soir du 23 février, il reste encore 13 journées, qui peuvent être disputées entre le 20 juin et le 19 août. L'avantage, c'est de déterminer les classements via la compétition, en définissant qui est champion, qui est européen, qui est barragiste, qui est relégué. La sanction du terrain est toujours la meilleure.
De plus, et c'est bien l'une des raisons qui incite la SFL à finir la saison, il y a un intérêt financier pour la ligue, qui fournirait alors au diffuseur TV (Teleclub), le «produit» pour lequel elle a déjà été payée. De quoi balayer le risque de voir Teleclub revoir drastiquement à la baisse les droits TV pour la saison prochaine, comme la chaîne pourrait le faire si elle a été amputée cette saison de 13 journées de championnat. En ces temps où la SFL est dans les chiffres rouges, jouer, c'est respirer un peu mieux.
Reprendre ou pas?
Les clubs, eux, sont partagés. Ils doivent décider s'ils reprennent ou non la saison, pour la terminer. Il y a l'aspect économique qui entre en jeu. Jouer à huis clos – ou devant 300 spectateurs, cela revient au même –, c'est générer des charges, sans recettes puisque le public est absent. C'est bien sûr s'assurer des droits TV (déjà versés par la SFL), mais la Suisse n'est pas l'Angleterre, l'Allemagne ou l'Espagne.
Ici, les droits TV représentent 10% ou moins du budget, pas 50% ou plus comme dans les grands championnats. C'est notamment pour cela que certains se disent réticents à reprendre, en Super League. C'est pour cela qu'en Challenge League, tous ou presque sont pour la reprise: comme les clubs de deuxième division n'ont pas de public, ils ne perdent rien à reprendre, sinon les droits TV qui pour eux sont importants.
L'autre élément qui sous-tend la position des clubs, c'est le classement. Tous les clubs mal classés sont contre la reprise ou presque, puisqu'elle pourrait signifier une relégation. Tous les autres ou presque sont pour la reprise. Avec la Challenge League qui va voter massivement pour la reprise, l'issue du vote ne devrait pas faire de doute. Le oui à la reprise devrait s'imposer assez facilement, puisque la majorité simple suffit (11 voix sur 20).
Le problème des contrats
Mais ce serait trop simple. Dans sa volonté de faire le forcing pour reprendre, la SFL a soulevé bien des oppositions. Elles concernent la forme plus que le fond. Déjà, la formule. Lausanne a proposé un changement, pour passer à 12 équipes en Super League (pas de relégation cette saison donc) et 8 en Challenge League. Comme le nombre de 20 équipes en SFL reste inchangé, on croyait que la majorité simple suffisait. Pas pour la ligue, qui a imposé, arguant d'un point de règlement, qu'il faudrait la majorité des deux tiers (14 voix et pas seulement onze, cela change tout). La ligue se fend d'un avis de droit. Le LS, furieux, aussi. Cela promet.
Autre pomme de discorde, les contrats des joueurs. La saison jouant les prolongations, ceux-ci dépassent la date du 30 juin. Il y a environ 30% des joueurs de SFL qui sont en fin de contrat. Ils ont le droit de quitter leur club et de s'engager avec un autre. Mais pas de jouer la fin de saison 2019-2020 avec leur nouvelle équipe. C'est ce qu'a décidé la SFL.
Le cas Serey Die est potentiellement explosif. Sion l'a débauché à Xamax, affaiblissant un adversaire direct dans la lutte contre la relégation, mais sans pouvoir le faire jouer avant le début de la saison prochaine, selon la décision de la ligue. Le joueur et Sion pourraient bien attaquer la SLF en justice sur la base du droit du travail.
Bref, la séance qui a commencé à 10 h 30 au Stade de Suisse va soulever bien des questions et s'annonce tendue.