Franc fort: Les commandes ont chuté dans l'industrie des machines

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Franc fortLes commandes ont chuté dans l'industrie des machines

L'industrie suisse des machines, des équipements électriques et des métaux subit toujours l'onde de choc du franc fort.

Au seul deuxième trimestre, les nouveaux ordres de commandes ont perdu 12,3% sur un an, a indiqué Swissmem à Zurich.

Au seul deuxième trimestre, les nouveaux ordres de commandes ont perdu 12,3% sur un an, a indiqué Swissmem à Zurich.

ARCHIVES, Keystone

L'industrie suisse des machines, des équipements électriques et des métaux a vu ses entrées de commandes chuter de 14,7% sur un an au premier semestre. L'onde de choc du franc fort va accélérer les changements structurels, prévient l'organisation faîtière Swissmem.

«L'impact négatif de la surévaluation massive du franc ne semble pas très grave pour l'ensemble de l'économie», a souligné ce mercredi 19 mai à Zurich devant la presse Peter Dietrich, directeur de Swissmem. Or la branche, très axée vers l'exportation, est fortement affectée, à l'instar du tourisme et du commerce de détail.

Au seul deuxième trimestre, les nouveaux ordres de l'industrie MEM ont perdu 12,3% en comparaison annuelle, après une dégringolade de 17,1% au trimestre précédent. Le chiffre d'affaires de janvier à juin s'est tassé de 7,1%, et de 6,2% au second trimestre. Résultat, l«utilisation des capacités s'est encore péjorée.

Les exportations ont elles globalement diminué au 1er semestre de 2,2% sur douze mois, à 31,6 milliards de francs, selon les données de l'Administration fédérale des douanes. Les livraisons vers les Etats-Unis ont bondi de 11,4% et vers l'Asie de 5,3%, malgré un recul de 8,8% vers la Chine. Mais elles n'ont pas compensé le repli de 5,2% à destination de l'Union européenne (UE), premier débouché.

Baisse des prix

Dans le sillage de l'abolition du taux plancher le 15 janvier, les entreprises MEM ont dû prendre des mesures d'urgence. Fin juin, Swissmem a réalisé un nouveau sondage auprès de ses membres, histoire d'analyser la situation à froid.

Au premier semestre, plus des deux tiers (69%) des quelque 400 répondants ont baissé les prix pour limiter les risques de pertes sur les commandes. Pour 70% d'entre eux, les efforts d'optimisation ont abouti à des améliorations de l'efficience et à une gestion rigoureuse des coûts des produits.

Côté personnel, 30% des firmes ont prolongé le temps de travail, 8% ont effectivement introduit le chômage partiel et 7% ont baissé les salaires. Quant aux rémunérations en euros, 2% des répondants y ont recouru et 8% envisageaient de le faire.

Déficits attendus

Malgré ces initiatives, 64% des sondés s'attendent pour 2015 à un recul du chiffre d'affaires entre 5% à 20%. Plus du tiers (35%) prévoient un déficit opérationnel, contre 31% auparavant. Plus de la moitié anticipent des pertes sur les marges entre 4% à 15%. «C'est énorme, vu que la marge EBIT moyenne se situe entre 4 et 8%», prévient Hans Hess.

Pour le président de Swissmem, la politique n'a «pas encore réalisé la gravité de la situation». L'industrie MEM contribue pourtant à hauteur de 9% du produit intérieur brut helvétique. Selon M. Hess, la question clé est de savoir si les entreprises du secteur pourront survivre en Suisse ou si elles devront délocaliser.

Quoi qu'il en soit, il voit une accélération du changement structurel avec le transfert partiel de l'industrie MEM à l'étranger. Depuis janvier, 22% des sondés ont opéré des délocalisations vers l'UE et 24% songent à le faire.

Transferts d'emplois

A fin mars, le secteur employait environ 330'00 personnes, horlogerie inclue, plus 550'000 salariés à l'étranger. Les effectifs hors des frontières ne cessent d'augmenter. «Ce processus va s'accentuer encore en raison du franc fort», déclare M. Hess. Avec à la clé, d'autres coupes ou transferts d'emplois d'ici l'automne.

L'affaiblissement récent du franc est encourageant et le nombre d'optimistes a augmenté, observe Swissmem. Environ 28% des répondants espèrent une hausse des commandes de l'étranger au cours des 12 prochains mois et exactement autant anticipent un recul.

«Mais il est trop tôt pour lever l'alerte», jugent les représentants de l'organisation. Pour l'heure, 18% des entreprises ont indiqué qu'un transfert partiel de la production est «impératif» à un cours de 1,05 franc pour un euro.

(ats)

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