Suisse: Les craintes pour l’emploi demeurent vives pour l’an prochain

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SuisseLes craintes pour l’emploi demeurent vives pour l’an prochain

L’augmentation du chômage affichée jusqu’à présent devrait se poursuivre en 2021 avant d’amorcer une décrue progressive.

Pour le Seco, l’incertitude demeure très élevée, notamment quant à l’évolution de la 2e vague de la pandémie, et une augmentation du chômage est à prévoir.

Pour le Seco, l’incertitude demeure très élevée, notamment quant à l’évolution de la 2e vague de la pandémie, et une augmentation du chômage est à prévoir.

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Si la récession liée à la pandémie de Covid-19 devrait se révéler moins profonde que redouté au début de la crise sanitaire, l’emploi risque de subir un lourd impact en Suisse. L’augmentation du chômage affichée jusqu’à présent devrait se poursuivre ces prochains mois, avant d’amorcer une décrue progressive.

Pour l’ensemble de l’année qui s’achève, le groupe d’experts de la Confédération a anticipé en octobre dernier un taux de chômage de 3,2%, rappelle Nadine Mathys, porte-parole du Secrétariat d’Etat à l’économie (Seco), interrogée par l’agence AWP. En novembre dernier, il s’est très légèrement accru à 3,3%, soit 0,1% de plus qu’un mois auparavant. Et en 2019, il se situait à 2,3%.

Reflet de la progression relativement modérée du taux, les cantons ont annoncé au Seco des licenciements collectifs dans 363 entreprises entre mars et fin novembre, lesquels ont touché environ 14’500 personnes. Fin août, 250 sociétés avaient procédé à de telles réductions d’effectifs, lesquelles avaient concerné 10’000 salariés.

Les entreprises prévoyant d’importantes réductions d’effectifs pour des motifs économiques sont tenues d’en informer les offices cantonaux de l’emploi. L’obligation concerne les sociétés employant entre 20 et 100 salariés et supprimant dix postes. Pour celles comptant entre 100 et 300 collaborateurs, les suppressions de postes doivent atteindre 10% de l’effectif et 30% pour les firmes dont le personnel est supérieur à 300 personnes.

Incertitudes pesantes

En matière de prévisions, les services du conseiller fédéral Guy Parmelin notent que l’incertitude demeure très élevée, notamment quant à l’évolution de la 2e vague de la pandémie, aux mesures associées et de leur impact sur l’économie. Le groupe d’experts du Seco, qui doit dévoiler de nouvelles prévisions mercredi, table ainsi sur une nouvelle augmentation modérée du chômage dans un avenir proche, suivie d’un repli progressif en 2021, ajoute Mme Mathys.

Manpower a aussi laissé entrevoir des perspectives plutôt mitigées en matière d’emploi, à l’image de celles tracées quelques jours auparavant par l’Office fédéral de la statistique dans son baromètre de l’emploi au 3e trimestre. Selon le spécialiste du placement de personnel, plus des trois quarts des entreprises sondées en Suisse ne prévoyaient aucun changement à ce niveau, alors qu’un peu plus d’une firme sur dix entendait réduire son effectif. La part des sociétés envisageant des embauches atteignait, elle, 8%.

Reste que la situation en matière d’emploi demeure contrastée selon les régions, le secteur et la taille des entreprises. Sans surprise, les perspectives sont clairement négatives dans l’hôtellerie, la construction et le commerce, alors qu’elles sont à peine positives dans le domaine financier, les services aux entreprises et l’industrie manufacturière. Seules les grandes entreprises de plus de 250 salariés tablent sur de nouvelles embauches.

Désormais, les attentes portant sur l’évolution de la conjoncture et par ricochet de l’emploi, sont suspendues à la disponibilité à grande échelle des vaccins contre le Covid-19. Alors que pas moins de 213 produits sont en phase en développement, dont 36 en essais cliniques, celle-ci devrait venir soutenir le redressement conjoncturel, relevait par exemple UBS dans ses dernières prévisions économiques pour la Suisse.

Taux de chômage attendu entre 3,5% et 4% en 2021

Pour cette année, la banque aux trois clefs prévoit tout comme le Seco un taux de chômage de 3,2%. Mais UBS table sur une hausse à 3,9% l’an prochain, alors que la décrue, à 3,4%, est attendue en 2022. Prudents, les prévisionnistes du numéro un bancaire helvétique, tout comme ceux d’Economiesuisse, notamment, notent que l’évolution de la 2e vague d’infections pourrait entraîner des mesures plus contraignantes se rapprochant de celles mises en œuvre au printemps dernier et entraîner alors une seconde récession lourde de conséquences pour l’emploi.

Les branches liées aux voyages, l’hôtellerie et la restauration, déjà fortement affaiblies au premier semestre, figurent au premier rang des victimes potentielles, laissant craindre à UBS une forte augmentation des faillites et du chômage au cours des mois à venir. Plus pessimiste, la Banque cantonale de Zurich anticipe quant à elle un taux de sans-emploi de 4% en 2021, alors que Raiffeisen l’estime à 3,5%.

Sur la base d’une reprise économique encore modérée l’an prochain, les économistes du Créa visent un taux de chômage de 3,7%, puis un repli à 3,3% pour 2022. Dans leurs prévisions datant d’octobre dernier, leurs collègues zurichois du KOF escomptaient un taux de 3,6% en 2021 et de 3% l’année suivante.

(ATS/NXP)

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