France: Les derniers abris de la «jungle» détruits

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FranceLes derniers abris de la «jungle» détruits

L'épilogue du démantèlement de la «jungle» à Calais s'est déroulé sans heurt majeur depuis une semaine.

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Un rapport commandé par le gouvernement français estime «plausibles» certains abus des forces de sécurité à l'encontre des migrants de la «Jungle» de Calais. (Mardi 24 octobre 2017)

Un rapport commandé par le gouvernement français estime «plausibles» certains abus des forces de sécurité à l'encontre des migrants de la «Jungle» de Calais. (Mardi 24 octobre 2017)

Keystone
L'ex-«Jungle» de Calais va devenir un site écologique. Les travaux de réhabilitation ont commencé ce lundi 3 juillet 2017.

L'ex-«Jungle» de Calais va devenir un site écologique. Les travaux de réhabilitation ont commencé ce lundi 3 juillet 2017.

Keystone
Une ONG britannique se dit très inquiète pour quelque 60 mineurs isolés de Calais après avoir perdu leur trace. En effet, les enfants restent introuvables. (23 novembre 2016)

Une ONG britannique se dit très inquiète pour quelque 60 mineurs isolés de Calais après avoir perdu leur trace. En effet, les enfants restent introuvables. (23 novembre 2016)

AFP

Plus de 6000 migrants ont été évacués et répartis dans des centres d'accueil à travers le pays. Mais la question de l'accueil des mineurs subsiste.

«Ce soir, tous les abris en dur, toutes les tentes seront enlevés», a déclaré à Reuters un porte-parole de la préfecture du Pas-de-Calais. «Il restera ensuite à nettoyer plus finement toute la zone (...) Cela prendra un temps plus difficile à déterminer avec précision.»

Deux abris, servant pour l'un de mosquée et pour l'autre d'église, seront par ailleurs laissés tels quels tant que des mineurs isolés seront présents, a-t-il précisé. Ils sont quelque 1500 à habiter encore la «Jungle», dans un Centre d'accueil provisoire (CAP). «Cette opération de démantèlement est un succès, la mission est remplie.»

Hormis des incendies d'abris, accompagnés d'explosions de bouteilles de gaz qui ont fait un blessé léger parmi les migrants, l'opération s'est en effet déroulée sans tension. Aucun heurt n'a éclaté entre les forces de l'ordre et les militants «No border», comme pouvaient le craindre les autorités.

Pas de «dublinage»

L'enthousiasme des migrants variait selon les nationalités, avec notamment quelques Syriens très déterminés à passer en Grande-Bretagne. «Finalement, tous ont pu partir, y compris ceux qui avaient le plus de réticences», dit Pascal Brice, directeur de l'Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra).

Ces hommes et ces femmes pourront désormais demander l'asile depuis leurs CAO. D'après les autorités, 85% d'entre eux sont éligibles au statut de réfugié.

Selon les accords de Dublin, les demandeurs d'asile qui ont déjà fait une demande ou laissé leurs empreintes dans un autre pays de l'Union européenne doivent être renvoyés vers ce pays. Le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve a toutefois fait savoir qu'il ne souhaitait pas «qu'à partir des CAO, on procède à des opérations de 'dublinage'».

Reste la question épineuse des mineurs isolés, sur laquelle les gouvernements français et britannique mènent des négociations tendues. La semaine dernière, Londres a appelé Paris à les protéger, suscitant l'agacement à Paris.

Dispositif anti-squat

L'autre grand défi pour les autorités françaises sera d'éviter que ne se reconstitue un campement similaire à Calais ou dans ses environs. «A ce stade, nous n'observons aucune réinstallation, le dispositif anti-squat fonctionne», assure le porte-parole de la préfecture. «Certains doivent se cacher», tempère toutefois François Guennoc, de l'ONG l'Auberge des migrants.

Le nombre de migrants installés dans le nord de Paris a cependant explosé ces derniers jours. Une opération de contrôle des identités avait lieu dans le campement parisien de Stalingrad lundi.

La mairie de Paris a par ailleurs prévu d'ouvrir prochainement un centre d'accueil humanitaire de 400 lits. Les migrants y seront pris en charge pendant quelques jours, avant d'être répartis sur des structures d'hébergement plus pérennes en régions.

Le gouvernement travaille de son côté pour créer près de 9000 places supplémentaires dans des centres d'accueil aux quatre coins de France. Le programme de répartition ne suscite pas toujours l'enthousiasme des localités concernées. Des mouvements de protestation, souvent portés par l'extrême droite, y ont lieu, à moins de six mois de l'élection présidentielle.

Samedi, le président François Hollande a assuré que la France ne tolérerait plus de camp de migrants sur son territoire.

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