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CanadaLes deux tueurs étaient des «loups solitaires»

Les deux auteurs d'attaques cette semaine au Canada présentent des similitudes. Tous deux fraîchement convertis à l'islam, ils étaient en situation de rupture familiale.

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Keystone
L'homme soupçonné d'avoir tué trois policiers et d'en avoir blessé deux autres a été arrêté par les commandos à sa recherche (6 juin 2014)

L'homme soupçonné d'avoir tué trois policiers et d'en avoir blessé deux autres a été arrêté par les commandos à sa recherche (6 juin 2014)

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Un homme a fait feu mercredi à Moncton, dans l'est du Canada. (4 juin 2014)

Un homme a fait feu mercredi à Moncton, dans l'est du Canada. (4 juin 2014)

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Les deux Canadiens auteurs cette semaine des meurtres de deux militaires lors «d'attaques terroristes», étaient des «loups solitaires» en rupture avec leur famille. Récemment convertis aux thèses djihadistes , ils voulaient rejoindre la Syrie.

Québécois de 25 ans, Martin Couture-Rouleau s'est servi de sa voiture comme d'une arme lundi 20 octobre au sud de Montréal: il a foncé sur trois militaires, en tuant un et en blessant un autre, avant de s'engager dans une course-poursuite terminée dans un fossé. Cerné par la police, il est sorti de son véhicule, couteau en main, et a été abattu.

Agé de 32 ans, Michael Zehaf-Bibeau a pour sa part tué mercredi avec un fusil de chasse l'un des deux militaires postés devant un monument aux morts d'Ottawa, avant de blesser un garde surveillant l'entrée du Parlement où il s'est engouffré, pour finalement être lui aussi abattu.

Jusqu'à lundi, le Canada n'avait jamais été frappé par un attentat lié à l'extrémisme islamiste. Avec sa participation à la guerre en Afghanistan, où 158 soldats canadiens sont morts entre 2003 et 2011, dans la campagne aérienne en Libye, en 2011, et son récent ralliement à la coalition militaire contre l'Etat islamique (EI) en Irak, les autorités étaient cependant bien conscientes du risque d'attaque.

Plusieurs tentatives d'attentats à la bombe ont ainsi été déjouées depuis le 11 septembre 2001. La police a démantelé plusieurs réseaux, qui visaient notamment le Parlement, la Bourse de Toronto ou encore un train de passagers.

Pas de complices

La simplicité des modes opératoires retenus par Martin Couture-Rouleau et Michael Zehaf-Bibeau soulèvent toutefois nombre de questions sur la capacité des services du renseignement à agir contre de tels «loups solitaires». Des hommes qui semblent passer à l'acte sans ordres hiérarchiques, si ce n'est les appels aux meurtres lancés par des prêcheurs radicaux sur internet.

Selon les premiers éléments des enquêteurs, les deux hommes ont agi sans complices, et la préméditation de leurs actes n'a pas encore été démontrée. Il n'y a «aucun renseignement faisant un lien entre les deux attentats», a noté jeudi le chef de la Gendarmerie royale du Canada (GRC), Bob Paulson.

Radicalisation récente

Les deux hommes avaient récemment été gagnés par les thèses de l'islam radical et mercredi soir Martin Couture-Rouleau a été présenté par le Premier ministre canadien Stephen Harper comme «un terroriste inspiré» par l'EI.

Converti à l'islam il y a un an et se faisant désormais appeler «Ahmad», Couture-Rouleau professait depuis quelques mois des théories djihadistes , tant auprès de son entourage que sur internet.

Quant à l'auteur de la fusillade d'Ottawa, il se faisait de plus en plus appeler «Abdul» et avait été exclu d'une mosquée de la banlieue de Vancouver. Dans la métropole de l'ouest canadien, il s'était lié à Hasibullah Yusufzai, un Canadien accusé d'avoir rejoint le groupe Etat islamique en Syrie, selon le quotidien «Globe and Mail».

Une information que le chef de la GRC ne confirme qu'à demi-mot. Son adresse e-mail «avait été trouvée dans le disque dur de quelqu'un qu'on a poursuivi pour un délit lié au terrorisme», a-t-il dit.

Passeports retirés

Les deux tueurs souhaitaient en outre se rendre au Moyen-Orient et au Maghreb, ont indiqué les autorités. Couture-Rouleau avait été empêché in extremis en juillet d'embarquer pour la Turquie, porte d'entrée pour la Syrie et l'Irak en guerre. Son passeport lui avait été retiré à cette occasion.

Zehaf-Bibeau, lui, souhaitait se rendre en Syrie, selon ce qu'a indiqué sa mère à la GRC. Il avait soumis une demande de passeport, et sans lui refuser, les autorités menaient actuellement une enquête sur lui afin de déterminer ses motivations, a dit M. Paulson.

Solitude

Les éléments recueillis par la presse locale démontrent par ailleurs une certaine solitude familiale des deux hommes. Selon le Journal de Montréal, l'ex-conjointe de Couture-Rouleau l'empêchait depuis cinq mois de voir son enfant de trois ans et cherchait à lui en retirer la garde en raison de sa conversion à l'islam.

La mère du tireur d'Ottawa a de son côté indiqué que tous les ponts étaient rompus avec son fils depuis cinq ans, même si elle l'avait revu pour une première fois début octobre. Il «était perdu et ne rentrait pas dans le moule», a-t-elle regretté.

(ats)

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