Plan de relanceLe sommet de l'Union européenne prolongé d’un jour
La réunion des responsables de l’Union Européenne n’a pas pu dégager, samedi soir, un compromis sur un plan de relance post-coronavirus.

Sur Facebook, un peu avant 18h, le Premier ministre italien Giuseppe Conte a décrit les négociations comme «beaucoup plus difficiles que prévu».
Incapables de trouver un compromis sur le plan massif de relance post-coronavirus après deux jours de sommet, les 27 dirigeants de l’UE ont décidé de jouer les prolongations dimanche. Les discussions butent notamment sur les exigences des pays les plus «frugaux».
Peu après 23h00, les dirigeants des États-membres de l'Union européenne (UE) se sont séparés toujours sans accord. Le sommet, qui a débuté vendredi à 10h00, était officiellement prévu sur deux jours. Le président du Conseil européen Charles Michel a convoqué les chefs d’État et de gouvernement dimanche à midi. Mais des rencontres bilatérales et multilatérales sont prévues dans la nuit, a indiqué une source européenne.
Après un dîner samedi, le président du Conseil, chef d'orchestre du sommet, Charles Michel a réuni le président français, la chancelière allemande, les dirigeants des quatre «frugaux» (Pays-Bas, Autriche, Danemark et Suède) auxquels s'est joint celui de la Finlande. «Cette réunion a été très dure», ont indiqué à l'AFP deux sources européennes. Après plusieurs tentatives de compromis, Angela Merkel et Emmanuel Macron ont quitté la réunion pour un entretien dans leur hôtel avec le dirigeant italien Giuseppe Conte, selon une source diplomatique.
Ils attendaient un pas des «frugaux» en leur direction qui n'est pas venu: devant des journalistes, le Premier ministre néerlandais Mark Rutte a déclaré «ne pas avoir entendu d'ultimatum». La chancelière et le président français retrouveront Charles Michel à 09H30 locales pour décider de la marche à suivre, a-t-on indiqué de source diplomatique
Proposition révisée
Le président du Conseil Charles Michel espère convaincre Mark Rutte avec une nouvelle modification du projet de compromis, a-t-on appris. L’unanimité des États membres étant requise, un compromis est particulièrement difficile à trouver sur le plan de relance, adossé au budget à long terme de l’UE (2021-2027) de 1074 milliards d'euros (1152 milliards de francs).
Charles Michel avait lancé les discussions samedi sur la base d’une proposition révisée offrant davantage de gages aux pays les plus réticents à l’idée de ce plan de 750 milliards d'euros (805 milliards de francs), financé par un emprunt commun, Pays-Bas en tête.
Le premier ministre italien Giuseppe Conte a décrit les négociations comme «beaucoup plus difficiles que prévu». «Les Pays-Bas et autres frugaux [Autriche, Danemark, Suède, ndlr] ne comprennent pas la nécessité d’une réponse forte», a-t-il déploré. «C’est, comme on pouvait s’y attendre, une bataille difficile, une négociation dure, mais on va dans la bonne direction et c’est le plus important», a commenté de son côté le chancelier autrichien Sebastian Kurz.
Mécanisme proposé
La journée de vendredi s’était déjà achevée dans une grande tension face à l’inflexibilité des Pays-Bas. Charles Michel, médiateur du sommet, espérait infléchir la position des récalcitrants en offrant des concessions sur la répartition entre subventions et prêts, ainsi que sur les conditions qui encadrent le versement de l’argent.
Le plan de relance, inspiré d’une proposition d’Angela Merkel et Emmanuel Macron, prévoit toujours un montant de 750 milliards d'euros. En fin de journée, une des options sur la table était, tout en conservant ce montant global, de jouer sur la répartition entre prêts et subventions en augmentant la part des premiers à 300 milliards (contre 250 dans la proposition initiale), a expliqué une source européenne.
Les «frugaux» préfèrent nettement les prêts aux subventions. En contrepartie, la part de subventions réservée directement aux États pour leurs plans de réforme a été augmentée. Pour tenter d’apaiser Mark Rutte, Charles Michel a par ailleurs proposé un mécanisme permettant à un pays qui aurait des réserves sur le plan de réformes présenté par un autre État, en contrepartie de ces aides, d’ouvrir «dans les trois jours» un débat à 27, soit devant le Conseil européen (c’est-à-dire les dirigeants), soit devant les ministres des finances de l’UE.
Droit de veto contesté
Une réponse au souhait de Mark Rutte, pour garantir la bonne utilisation de ces fonds, de voir ces plans nationaux validés par les 27 à l’unanimité, ce qui offrirait de facto un veto à n’importe quelle capitale. Un tel mécanisme «reste un obstacle», selon une source diplomatique espagnole, pays qui avec l’Italie sera le principal bénéficiaire des aides.
Les États du sud de l'Europe craignent que cela ne les oblige à se soumettre à un programme de réformes imposé, comme à la Grèce par le passé. Autre coup de pouce de Charles Michel pour vaincre les résistances: il propose d’accroître certains «rabais» accordés aux pays qui versent davantage d’argent au budget de l’UE qu’ils n’en reçoivent. Ce serait le cas pour Vienne, Copenhague et Stockholm, mais pas pour La Haye ni Berlin.
Outre ces sujets délicats, d’autres promettent encore de peser sur les discussions, en particulier la question de lier le versement des aides européennes au respect de l'état de droit, qui hérisse Budapest et Varsovie.