PrévoyanceLes énergies fossiles, un «pari dangereux»
Une alliance composée par le WWF, Greenpeace, 350.org, le PS et les Verts souhaite que les fonds de pensions et les grandes banques cessent leurs investissements dans le secteur des énergies fossiles.

Pétrole, gaz, charbon... Investir dans les énergies fossiles est un pari dangereux pour nos fonds de prévoyance: voilà ce qu'estime une alliance formée des Verts, du Parti socialiste (PS), du WWF, Greenpeace et 350.org.
Ses membres ont pointé du doigt lundi les risques encourus sur les plans écologique et économique.
«Investir dans les énergies fossiles, c'est aussi investir dans le réchauffement climatique», a rappelé lundi devant les médias à Berne Georg Klingler, expert en énergie à Greenpeace. Mais c'est aussi courir un risque financier, a ajouté Katarina Serafimova, spécialiste du monde financier au WWF.
En effet, les titres fossiles sont doublement sous pression, a précisé Katarina Serafimova. «D'une part, les Etats sont de plus en plus nombreux à durcir leur législation pour minimiser les risques des énergies fossiles et orienter leur système énergétique vers les renouvelables. D'autre part, les investisseurs sont toujours plus nombreux à se retirer de ce secteur», a détaillé l'experte.
Bulle carbone
Ces deux contraintes pourraient engendrer une «bulle carbone» et être fatales aux 200 plus grandes sociétés d'énergie fossile, qui brassent un capital de 4000 milliards de dollars. La banque HSBC a d'ailleurs tiré la sonnette d'alarme l'année passée: entre 40% et 60% de la valeur marchande des firmes pétrolières est menacée.
Face à ce risque, le PS va déposer quatre motions, a annoncé Beat Jans (BS/PS). Elles demandent que les caisses de pensions, la Banque nationale (BNS), l'AVS et la SUVA cessent d'investir dans les entreprises avec des fortes réserves de pétrole, de gaz ou de charbon. Les quatre institutions ciblées devraient liquider ces titres problématiques dans les cinq ans.
Beat Jans a évalué que les investissements des fonds de pensions et ceux de la BNS produisent dix fois plus de CO2 que l'économie suisse. Selon ses estimations, près de 50 milliards de francs ont été investis dans des firmes comptant de fortes réserves d'énergie fossile à leur actif. Quant à Publica, la caisse de pensions de la Confédération, ses investissements dans ce domaine se montent à deux milliards de francs, a ajouté Bastien Girod (Verts/ZH).
Les Verts vont également demander un rapport à la FINMA sur les risques de la «bulle carbone» pour les grandes banques et le retrait des investissements fossiles. Actuellement, la FINMA laisse aux banques le soin d'évaluer ces risques, a précisé Bastien Girod.