Santé: Les enfants ne sont pas à l'abri des AVC

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SantéLes enfants ne sont pas à l'abri des AVC

Les chercheurs de l'Hôpital universitaire de Zurich se penchent actuellement sur le cerveau des petits et des risques qu'il recèle.

Une cinquantaine de cas est décelé chaque année, en Suisse.

Une cinquantaine de cas est décelé chaque année, en Suisse.

Keystone

Même si les cas sont rares, les enfants ne sont pas épargnés par l'accident vasculaire cérébral (AVC). Des chercheurs de l'Hôpital pédiatrique universitaire de Zurich ont observé comment le cerveau des petits patients s'auto-répare en phase de sommeil profond.

Chaque année en Suisse, environ 50 enfants subissent un AVC hémorragique. Dans la plupart des cas, les médecins parviennent à stopper l'hémorragie à l'aide de médicaments ou en opérant, mais les cellules cérébrales endommagées sont perdues pour toujours.

Le cerveau est néanmoins capable d'adaptation et il crée de nouvelles connexions afin de compenser la perte. Etudier ces processus en temps réel, pendant le sommeil des patients, c'est la tâche que s'est fixée Anne-Laure Mouthon et son équipe.

«Nous savons d'études précédentes qu'en phase de sommeil profond, l'activité du cerveau est particulièrement forte dans la région qui vient d'être stimulée par l'apprentissage d'une tâche», a expliqué Mme Mouthon à l'ats. Lors du développement de l'enfant également, les zones en réorganisation sont particulièrement actives durant le sommeil profond.

Les médecins de l'Hôpital pédiatrique et du centre de réadaptation d'Affoltern am Albis (ZH), qui en fait partie, ont donc lancé ce projet afin de déterminer quelles zones cérébrales sont particulièrement impliquées chez l'enfant dans la compensation des dégâts dus aux AVC.

Zones plus actives

Dans le cadre de son doctorat, Mme Mouthon a accompagné 22 enfants ayant subi un AVC. Dans le laboratoire du sommeil, à l'aide d'une coiffe de 180 électrodes, les chercheurs ont observé par électro-encéphalographie à haute résolution l'activité cérébrale des petits patients.

Résultats: par rapport à des mesures effectuées sur des enfants du même âge en bonne santé, des différences ont été constatées. «Comme attendu, l'activité typique du sommeil profond est réduite à l'endroit de la blessure», indique la chercheuse.

En revanche, la zone autour de la lésion est plus active, de même que celle située en face dans l'autre hémisphère cérébral. «Cela laisse penser que ces régions sont particulièrement impliquées dans la guérison et tentent de reprendre les fonctions des neurones perdus», poursuit Anne-Laure Mouthon.

Ces premiers constats ont été publiés récemment dans la revue Neurorehabilitation and Neural Repair.

Adapter la réadaptation

Dans une seconde étape, les chercheurs examinent comment évolue l'activité cérébrale en phase de sommeil profond durant la phase de réadaptation. L'objectif est de voir si des liens avec le succès de la thérapie peuvent être mis en évidence, cela afin de soutenir au mieux le processus de guérison, notamment savoir quelles zones cérébrales stimuler plus particulièrement.

«Si nous voyons par exemple quelle région cérébrale a été très activement transformée chez un enfant qui a fait des progrès en réapprenant à marcher, on pourrait sélectionner des exercices ciblés stimulant plus fortement cette zone», selon Mme Mouthon. C'est actuellement la vision à long terme des médecins impliqués dans le projet.

Avec ses collègues, la spécialiste entend suivre les enfants ayant participé à l'étude pour connaître le développement sur le long terme de leurs capacités motrices et cognitives après l'AVC et la réadaptation. «On ne sait pratiquement rien à ce sujet», note la spécialiste.

A l'adolescence, de grosses transformations se produisent à nouveau dans le cerveau. Savoir si les conséquences de l'AVC sont perceptibles à ce moment de la vie et si oui, comment y faire face, est une des questions auxquelles les scientifiques entendent fournir des réponses.

(ats)

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