RéchauffementLes Européens trouvent un accord ambitieux sur le climat
Le plan adopté par les dirigeants européens doit mettre l'Europe en position de leader mondial dans la lutte contre le réchauffement de la planète.

Les dirigeants européens ont trouvé ce vendredi 24 octobre un accord ambitieux sur le climat, prévoyant notamment une réduction d'au moins 40% ses émissions de gaz à effet de serre.
Le plan doit mettre l'Europe en position de leader mondial dans la lutte contre le réchauffement de la planète.
«Accord!», a annoncé le président du Conseil européen Herman Van Rompuy sur Twitter. «Au moins 40% de réduction des émissions de gaz à effet de serre d'ici 2030. C'est la politique énergétique et climatique la plus ambitieuse au monde, la plus juste et la plus efficace», a-t-il ajouté.
Réunis en sommet à Bruxelles, les 28 chefs d'Etat et de gouvernement se sont entendus sur trois objectifs chiffrés: la réduction de 40% des émissions de gaz à effet de serre d'ici 2030 par rapport aux niveaux de 1990, une proportion d'énergies renouvelables portée à 27% et également 27% d'économies d'énergie.
Les dirigeants européens se sont également engagés à améliorer les liaisons transfrontalières pour améliorer les flux d'approvisionnements énergétiques entre les membres de l'UE. Le premier est contraignant, mais à l'échelle de l'UE, pas de chaque Etat membre, et le deuxième objectif ne l'est pas.
Discussions ardues
Les Européens, poussés notamment par l'Espagne et le Portugal, ont aussi décidé d'augmenter les «interconnexions» entre réseaux électriques au sein de l'Union, à 15% d'ici 2030, a précisé Herman Van Rompuy. L'accord a été obtenu à l'issue de discussions ardues qui ont duré près de huit heures à Bruxelles.
«L'Europe montre l'exemple», a déclaré François Hollande. «C'est un accord que je trouve très ambitieux», a ajouté le président français. «C'est un compromis, il a fallu du temps, beaucoup de temps».
L'accord doit permettre à l'Europe d'entraîner d'autres pays, comme les Etats-Unis et la Chine, dans un accord international sur le climat lors de la conférence de Paris en décembre 2015.
La question du partage du fardeau était centrale entre les pays pauvres, principalement de l'est de l'Europe, qui dépendent encore largement des énergies fossiles comme le charbon, et les plus riches qui s'appuient sur le nucléaire ou sont déjà bien engagés dans la transition énergétique.
Compensations
Les premiers, emmenés par la Pologne, ont obtenu un «paquet de compensations» pour les aider à moderniser leur système énergétique, a indiqué une source européenne. Des mécanismes de soutien vont être créés à partir du système des quotas européens d'émission de CO2, notamment un fonds alimenté par une petite partie (2%) des ventes de certificats.
De leur côté, l'Espagne et le Portugal exigeaient de meilleures interconnexions avec les réseaux énergétiques européens, un sujet qui provoque des frictions depuis des années entre Paris et Madrid. Les Espagnols attendent notamment des financements dans le plan d'investissements de 300 milliards d'euros que doit présenter d'ici à la fin de l'année la nouvelle Commission Juncker.
L'amélioration des interconnexions fait partie des outils pour accroître l'indépendance énergétique de l'UE, un enjeu rendu encore plus crucial par la crise en Ukraine et les menaces sur l'approvisionnement en gaz russe.
Objectifs existants prolongés
L'accord prolonge les objectifs existants qui vont jusqu'en 2020. Actuellement, les émissions de dioxyde de carbone européennes sont inférieures d'environ 20% à leur niveau de 1990, un recul en partie lié à l'arrêt d'industries polluantes en Europe de l'Est après la chute de l'Union soviétique.
Des organisations de défense de l'environnement estiment toutefois que les objectifs ne vont pas assez loin. Elles évoquent la réduction d'au moins 80% des émissions de gaz à effet de serre pour limiter la hausse moyenne des températures dans le monde à deux degrés Celsius.
De son côté, la responsable climat de l'ONU, Christiana Figueres, a applaudi vendredi l'accord européen, «élan précieux» en faveur de l'accord mondial de 2015, a-t-elle commenté. «La décision signifie que l'UE sera capable de soumettre sa contribution à l'accord de Paris d'ici mars prochain. Et elle ouvre la porte à de plus fortes ambitions de la part de tous les pays», a ajouté Mme Figueres.