Nucléaire iranienLes exigences d'Israël pour l'accord d'étape
L'Etat hébreu reste le plus farouche détracteur de l'accord conclu la semaine passée à Lausanne.

Les assurances données dimanche par Barack Obama quant à la sécurité d'Israël ne suffisent pas.
L'accord d'étape sur le nucléaire iranien, conclu jeudi passé à Lausanne, doit être radicalement modifié, estime Israël. L'Etat hébreu a présenté lundi 07 avril une petite dizaine d'exigences pour rendre cet accord «plus raisonnable».
Selon le ministre du Renseignement Youval Steinitz, un proche du Premier ministre Benjamin Netanyahu, les assurances données dimanche par le président américain Barack Obama quant à la sécurité d'Israël ne suffisent pas. Pour l'Etat hébreu, l'accord d'étape doit être radicalement modifié et l'option de l'emploi de la force reste «sur la table».
Parmi les exigences israéliennes figure l'arrêt par l'Iran de toute recherche et développement sur des centrifugeuses modernes. Youval Steinitz s'est inquiété que Téhéran, s'il est autorisé à mener ces recherches, se retrouve en mesure de produire suffisamment d'uranium hautement enrichi pour une bombe atomique en trois ou quatre mois.
Il a également cité une réduction du nombre de centrifugeuses opérationnelles que l'Iran conserverait, la fermeture du site souterrain d'enrichissement de Fordo et le transfert hors d'Iran des stocks d'uranium faiblement enrichi déjà produit.
Dimension militaire
Il a évoqué aussi la possibilité pour les inspecteurs internationaux qui veilleraient à l'application de l'accord d'aller «partout à tout moment», ainsi que l'exigence que l'Iran fasse la lumière sur toutes ses activités nucléaires passées suspectes d'avoir eu une dimension militaire.
Avec cette petite dizaine de modifications au total, «cela ne sera pas un bon accord, cela sera un accord plus raisonnable», a-t-il dit à quelques journalistes. Israël reste le plus farouche détracteur de l'accord-cadre conclu la semaine passée à Lausanne entre l'Iran et les Etats-Unis associés à cinq autres puissances.
Efforts diplomatiques
«L'analyse exhaustive (qu'a conduite Israël) de l'accord-cadre de Lausanne révèle la portée des concessions irresponsables faites à l'Iran», a dit Youval Steinitz. Le ministre a dit apprécier les assurances prodiguées dimanche par Barack Obama quant au soutien américain à Israël en cas de menace, mais a ajouté qu'elles ne suffisaient pas.
Israël préfère une solution diplomatique, a-t-il dit. Mais l'option militaire «était sur la table, elle est toujours sur la table, et elle va rester sur la table», a-t-il déclaré.
Il a par ailleurs indiqué qu'Israël va «intensifier (ses) efforts pour convaincre l'administration (américaine), le Congrès (américain), la Grande-Bretagne, la France, la Russie... de ne pas signer ce mauvais accord ou, du moins, de radicalement le modifier».
Critique américaine
De son côté, l'administration américaine, en froid avec Israël sur le dossier nucléaire iranien, a de nouveau critiqué lundi son allié. Selon l'accord-cadre conclu le 2 avril à Lausanne, «l'Iran va physiquement retirer quelque 13'000 centrifugeuses des sites nucléaires où elles se trouvent aujourd'hui», a insisté la porte-parole du département d'Etat Marie Harf.
«Et pour être tout à fait précise, il faudrait bien plus de deux ans à l'Iran pour rebâtir ce qu'il possède aujourd'hui», a-t-elle ajouté. La diplomate américaine a assuré que son gouvernement avait un dialogue permanent et au plus haut niveau avec Israël sur le nucléaire iranien.
«Rôle déstabilisateur» de l'Iran
Lors d'une conversation téléphonique avec le sultan Qabous d'Oman, Barack Obama a promis lundi de «travailler avec Oman et d'autres partenaires régionaux pour s'attaquer aux activités déstabilisatrices de l'Iran dans la région», a indiqué la Maison Blanche.
Plusieurs pays arabes estiment que l'Iran alimente les conflits et cherche à élargir son influence à travers ses alliés locaux en Syrie, en Irak, au Liban et au Yémen, notamment.
La semaine dernière, Barack Obama a annoncé son intention de rassembler à Camp David au printemps les dirigeants des monarchies du Golfe. Cette réunion permettrait d'étudier le renforcement de la coopération et d'essayer de résoudre «les multiples conflits à l'origine de tant de souffrances et d'instabilité à travers le Moyen-Orient».