IrakLes forces de sécurité se préparent à une contre-offensive
Face à l'avancée fulgurante des djihadistes, l'armée régulière s'est dite prête à mener une action d'envergure au nord de Bagdad.
Les forces de sécurité irakiennes ont repris aux jihadistes trois villes proches de Bagdad. Elles se préparaient samedi à une contre-offensive dans le nord, dans les territoires conquis cette semaine par les insurgés, alors que les Etats-Unis vont déployer un porte-avions dans le Golfe.
En l'espace de trois jours, les combattants de l'Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL) ont pris Mossoul et sa province Ninive (nord), Tikrit et d'autres régions de la province de Salaheddine, ainsi que des secteurs des provinces de Diyala (est) et de Kirkouk (nord), rencontrant très peu de résistance des forces de sécurité.
Leur objectif est à présent la capitale, où les rues étaient samedi quasi-désertes et les commerces fermés.
Alors que le gouvernement a souligné avoir mis en place un plan de sécurité pour défendre Bagdad, le Premier ministre Nouri al-Maliki, commandant en chef des forces armées, a indiqué que ce cabinet lui avait octroyé des «pouvoirs illimités» pour combattre les insurgés.
Policiers retrouvés décédés
Sur le terrain, les forces de sécurité et des combattants ont repris samedi aux jihadistes les localités d'Ishaqi et à Muatassam, des villes de la province de Salaheddine proches de Bagdad, a indiqué le général Sabah al-Fatlawi.
Un responsable de la police a indiqué que les corps brûlés de 12 policiers avaient été découverts à Ishaqi.
Selon des témoins, la police et des habitants étaient déjà parvenus vendredi, un peu plus au sud, à chasser les insurgés de Dhoulouiya, qui avaient mis les jihadistes à 90 km de la capitale.
Des renforts de la police et de l'armée, arrivés vendredi à Samarra (110 km au nord de Bagdad), s'apprêtaient par ailleurs à lancer une contre-offensive un peu plus au nord, selon un des commandants responsables de la sécurité locale.
Appel récemment par l'ayatollah Sistani
Selon lui, l'objectif est de reprendre Tikrit, chef-lieu de la province de Salaheddine, ainsi que Dour et Baiji.
Sur la route entre Bagdad et Samarra, neuf policiers sont décédés samedi dans une attaque à Alaa Jawad contre le convoi du chef des services irakiens de lutte contre la corruption, ont rapporté un médecin et un officier.
Nouri al-Maliki s'était rendu vendredi à Samarra pour une réunion de sécurité, alors que des témoins ont indiqué que les jihadistes s'apprêtaient à lancer un nouvel assaut sur la ville après un premier repoussé mercredi.
Nouri al-Maliki, haï par les jihadistes, est accusé par la minorité sunnite de la marginaliser et la persécuter.
Vendredi, le plus influent dignitaire chiite d'Irak, le grand Ayatollah Ali Sistani, avait appelé la population à prendre les armes pour stopper l'avancée des jihadistes vers Bagdad.
Rohani prêt à coopérer avec Obama
Quelques milliers de volontaires ont déjà répondu à un appel similaire lancé par le gouvernement.
A l'étranger, le président iranien Hassan Rohani a indiqué samedi que son pays pourrait envisager une coopération avec les Etats-Unis «si nous voyons que les Etats-Unis agissent contre les groupes terroristes». Il a aussi précisé n'être informé d'aucune demande d'aide irakienne aux Etats-Unis.
Le secrétaire américain à la Défense Chuck Hagel a ordonné l'envoi d'un porte-avions dans le Golfe.
«Nous ne renverrons pas de troupes américaines au combat en Irak», avait toutefois dit la veille Barack Obama, rappelant les «sacrifices extraordinaires» de troupes américaines dans ce pays où elles ont été stationnées de 2003 à 2011.
Centaines de milliers de déplacés
Le président américain a dit examiner «un éventail d'options pour soutenir les forces de sécurité irakiennes», précisant qu'il ne fallait pas s'attendre à une action américaine «du jour au lendemain». Il a également déclaré que «sans effort politique, toute action militaire sera vouée à l'échec».
La Haut Commissaire de l'ONU aux droits de l'Homme Navi Pillay s'est de son côté alarmée après que l'ONU a reçu des informations selon lesquelles des «soldats irakiens ont été sommairement exécutés durant la prise de Mossoul».
L'Organisation internationale pour les migrations (OIM) a déjà fait état de la fuite d'environ 40 000 personnes de Tikrit et Samarra et de plus de 500 000 de Mossoul.