Canton de BerneLes gilets jaunes vont manifester à Thoune
Le mouvement appelle à bloquer dès vendredi le fabricant des lanceurs de balles qu'utilise la police contre eux et qui les blessent grièvement.
- par
- Christine Talos

De nombreux gilets jaunes ont été blessés par des armes fabriquées à Thoune.
L'ambiance pourrait être électrique ce week-end à Thoune (BE). En effet, la vague de contestation des gilets jaunes en France pourrait atteindre l'Oberland bernois dès vendredi. Les manifestants appellent en effet à bloquer B&T AG, révèle mercredi le «Bund».
«Du 29 au 31 mars 2019, bloquons toutes les usines d'armement des forces de l'ordre françaises!» lance ainsi le site de contestation romand Renversé sur sa page d'accueil. Cet appel concerne directement la Suisse, écrit-il. «En effet, c'est l'entreprise Brügger & Thomet qui fabrique les LBD40 - cette arme à soi-disant létalité réduite - qui mutile, éborgne, blesse et tue. Les chiffres sont effrayants et ne mentent pas: 550 signalements, 1 décès, 222 blessures à la tête, 22 éborgnés et 5 mains arrachées.»
Pas les bonnes munitions
Brügger & Thomet est en effet la société qui produit les «lanceurs de balles de défense» qu'utilisent les forces de l'ordre en France contre les manifestants et qui les ont parfois grièvement blessés. Ces lanceurs sont considérés comme des armes non létales et sont essentiellement destinés à contrôler les manifestants, se défend B&T. La société affirme en outre que les policiers français utiliseraient des munitions qui ne sont pas destinées à ce fusil.
Le «Bund» rappelle que la société bernoise est controversée non seulement en raison des blessures durant les manifestations des gilets jaunes en France mais aussi parce qu'elle a été condamnée en 2018 pour violation de la loi sur le matériel de guerre. En effet, elle a vendu illégalement des armes au Kazakhstan.
Test à la police bernoise
En outre, la police bernoise teste elle aussi le lanceur LBD40 avec des balles en caoutchouc dans le cadre d'un essai-pilote. Mais selon le «Bund», des chercheurs de l'Uni de Berne ont conclu, dans un rapport qui n'a pas encore été publié, que les projectiles pouvaient causer des blessures graves. Ainsi si la distance de tir est inférieure à 60 mètres, les balles peuvent casser des côtes ou rendre aveugle. Avec un tir à moins de 30 mètres, elles sont capables de déchirer le foie et à fracturer un crâne. Du coup, deux députées bernoises ont demandé que l'essai soit interrompu.
A noter que la manifestation devrait également attirer les manifestants bernois: l'appel des gilets jaunes a en effet été relayé par «Copwatch Berne», un groupe critique envers la police. Celle-ci se borne à indiquer qu'elle est au courant du blocus en vue mais n'en dit pas plus. Quant à B&T, elle a également refusé de commenter.