Avions de combatLes Gripen «engloutiront 10 milliards»
L'alliance «Non aux milliards pour des avions de combat» part en campagne contre l'achat de 22 Gripen pour un montant de 3,126 milliards de francs. Selon eux, ils coûteraient bien plus que prévu.
Le Gripen coûterait bien plus cher que ce que le Département fédéral de la défense (DDPS) veut faire croire à la population. Forte de cet avis, l'alliance «Non aux milliards pour des avions de combat» est entrée en campagne lundi à Berne contre l'achat de ces appareils, dont le coût d'achat est estimé à 3,1 milliards de francs.
«Ces avions de combat vont en fait engloutir 10 milliards au cours de leur durée de vie», a affirmé le conseiller national Daniel Vischer (Verts/ZH) devant la presse. «Face aux caisses vides de la Confédération, des cantons et des communes, la Suisse ne peut pas prendre un tel risque financier», a-t-il poursuivi.
Au prix d'achat - 3,1 milliards de francs, il faut rajouter les coûts d'exploitation et d'entretien ainsi que les futures mises à niveau nécessaires, a ajouté sa collègue Evi Allemann (PS/BE). Ces milliards manqueront nécessairement ailleurs, dans des domaines comme la formation, les transports publics ou encore l«AVS.
Argent utile dans d'autres domaines
Ce montant pourrait par exemple compenser la dette de l'assurance invalidité (AI), a expliqué Fabian Molina, président de la Jeunesse socialiste suisse (JS). Ou financer une augmentation des rentes AVS, comme le préconise l'initiative AVSplus, alors que les opposants la considèrent comme 'au-dessus des moyens de la Suisse'.
L'achat du Gripen est également très risqué, puisque l'avion commandé par la Suisse n'est pas encore développé et n'existe que sur le papier, a rappelé Amanda Gavilanes, secrétaire romande du Groupe pour une Suisse sans armée GSsA. La Suisse paie un acompte extrêmement élevé de 40% du prix d'achat, selon Evi Allemann. Si les avions n'étaient pas livrés, ou trop tard, les contribuables suisses assumeraient.
Sécurité déjà assurée
Or, selon la secrétaire romande du GSsA, la sécurité aérienne de la Suisse est déjà assurée. «Les forces aériennes possèdent 32 F/A-18, à même de mener à bien leur mission pour les prochaines décennies». Environ 400 millions de francs viennent d'être investis pour leur mise à niveau.
L'Autriche possède 15 appareils pour assurer sa mission de police du ciel, la Suisse devrait donc pouvoir assumer la sienne avec plus du double d«appareils, argumente-t-elle.
Collaboration internationale
«Les avions opérationnels uniquement pendant les heures de bureau ont défrayé la chronique», a-t-elle rappelé. Mais cet argument a été instrumentalisé par les partisans. Pour Evi Allemann, la collaboration avec les pays voisins est suffisante pour assurer la sécurité aérienne de la Suisse, même si les forces aériennes suisses ne sont pas engagées 24h sur 24.
La Bernoise a encore évoqué l'insécurité provoquée par la dépendance que l'achat de ces jets induit face à la Suède, mais surtout face aux Etats-Unis. L'avion pourrait être équipé d'un module de communication américain, susceptible d'être espionné, selon plusieurs médias dominicaux.
L'opacité du financement de la campagne des partisans du Gripen et le rôle joué par Saab ont aussi été pointés du doigt par Daniel Vischer. Les affaires compensatoires ne le convainquent pas non plus. Fin février, les partisans du Gripen avançaient ainsi que 2,5 milliards de francs reviendraient à l'économie suisse suite à cet achat, dont 30% pour la Suisse romande.
Près de 250'000 francs pour la campagne
Le budget de la campagne des opposants se monte, elle, à 250'000 francs, un montant «usuel», selon IIias Panchard, co-président des Jeunes Verts Suisses. Cet argent provient des organisations membres et de privés, qui ont versé de petites contributions.
La campagne se fera en grande partie sur les réseaux sociaux, a expliqué le jeune vert. Cependant, la votation se gagnera dans la rue, selon lui, où la mobilisation va s'amplifier ces prochains jours.
Cette alliance rose-verte a déjà réussi à faire aboutir le référendum contre l'acquisition des avions de combat. Les Suisses se prononceront le 18 mai.