Exploit: Les héroïnes du Breithorn

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ExploitLes héroïnes du Breithorn

Onze filles atteintes d'endométriose viennent d'escalader l'imposant sommet haut-valaisan. Elles n'en reviennent toujours pas…

Blaise Craviolini
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Blaise Craviolini
Pour la plupart de ces femmes, le simple fait de participer à cette ascension représentait une victoire.

Pour la plupart de ces femmes, le simple fait de participer à cette ascension représentait une victoire.

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Parce qu'elle est passionnée de montagne et souffre elle-même d'endométriose, une maladie incurable et invalidante, parce qu'il est «difficile de vivre normalement avec cette maladie» et parce qu'elle tenait «à le faire savoir», Nathalie Reuse a été l'instigatrice d'une aventure sportive et humaine palpitante, en collaboration avec deux associations spécialisées, l'une suisse, l'autre française.

Au départ de Zermatt (VS) le week-end dernier, réparties en trois cordées, onze femmes – Romandes en majorité ou de France voisine – toutes atteintes d'endométriose, ont vaincu le majestueux Breithorn, qui culmine à 4164 mètres.

Encadrées par trois guides

L'ascension a bien sûr été encadrée par trois guides de haute montagne et s'est effectuée à un rythme adapté, sans le moindre impératif chronométrique. Si le soleil a généreusement brillé durant la majeure partie de ce périple de cinq heures, descente comprise, les derniers hectomètres ont été gravis dans le brouillard, rendant la conquête du sommet encore plus enivrante.

«Le plus dur, ça a été la boule à l'estomac au réveil, et la raréfaction progressive de l'air au fil de l'ascension», estimaient les «héroïnes du Breithorn», unanimes sur la question. «Elles pensaient que c'était impossible, alors, elles l'ont fait, se félicitait l'organisatrice. Rarement larmes de bonheur n'auront été aussi légitimes…»

De la dignité

«Les filles ne se connaissaient pas et ignoraient, pour la plupart, ce qu'était de marcher en cordée, précise Nathalie Reuse. Pour elles, le simple fait de participer à ce projet constituait déjà une victoire en soi. Il a fallu être courageuse pour s'inscrire.» Et la Valaisanne, gestionnaire de projets au niveau professionnel, fondatrice aussi du site mountainexplore.ch, de conclure: «Elles se sont encouragées, ont été d'une solidarité sans faille. Elles ne se sont pas battues contre leur maladie, mais pour le droit de rêver, d'oublier leur combat médical quotidien. Pour le droit, aussi, d'être considérées comme des personnes normales qui méritent d'avoir un travail, des hobbies, une vie sociale et surtout de la dignité.»

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