FootballLes hooligans avec les marchandises
Lucerne ne veut plus que les supporters extérieurs arrivent en gare centrale. Un projet est à l'étude pour 2013.
- par
- Renaud Tschoumy

Les défilés de supporters auront toujours lieu sous haute surveillance à Lucerne, mais plus au centre-ville.
Les autorités de la ville et du club de football de Lucerne en ont marre! Marre que des supporters adverses arrivent en gare centrale et fracassent tout sur leur passage. Marre que le parvis de la gare CFF de Lucerne, situé entre le nouveau centre de culture et de congrès dessiné par Jean Nouvel (le KKL) et le célèbre Kappelbrücke, se transforme en champ de bataille. Il y a une semaine, des hooligans zurichois se sont une nouvelle fois «signalés» après l'élimination de GC en quart de finale de la Coupe de Suisse.
Du coup, un projet est à l'étude à Lucerne: plutôt que d'arriver en gare centrale, les trains de supporters seraient déviés sur la gare de marchandises, où un quai spécial serait aménagé. Cela éviterait aux fans de se mêler aux grappes de touristes japonais, et cela permettrait aux autorités d'encadrer les hooligans dans un endroit plus retiré avant de les escorter jusqu'à la Swissporarena. Il en coûterait 1 à 2 millions pour la construction de cette «zone de réception», somme qui serait conjointement assumée par l'Etat, la Ville, les CFF et le FC Lucerne, avec une mise en application à l'automne 2013.
Problème insoluble
Le coût, c'est bien à ce niveau que le bât blesse. On en sait quelque chose à Lausanne, où, là aussi, le cortège des supporters entre la gare et la Pontaise pose problème. A plus forte raison quand le match est renvoyé au dernier moment, comme cela a été le cas le 11 février dernier à l'occasion de la venue de Bâle. «On est encore en discussions avec la Swiss Football League pour le règlement de la facture, explique le vice-président du FCLS Alain Joseph. Ce que coûte globalement un supporter est inimaginable. C'est un vrai problème de société, qui plombe le budget non seulement des clubs, mais aussi des collectivités publiques.»
Ce qui renvoie à l'action qu'avait en son temps mené le président xamaxien Sylvio Bernasconi contre l'Etat de Neuchâtel et Jean Studer, parce qu'il ne voulait pas payer les frais de sécurité à l'extérieur du stade. «Un petit peu, oui, admet Joseph. Et quelque part, Christian Constantin n'a pas totalement tort quand il dit qu'il faudrait interdire les supporters adverses. S'il n'en tenait qu'à nous, dirigeants lausannois, on les empêcherait d'entrer dans le stade. Mais là, ce sont les forces de police qui ne sont pas d'accord, parce qu'elles ne veulent pas que ces personnes, qui auraient de toute manière effectué le déplacement, se disséminent en ville et aillent tout fracasser ailleurs. Je vous le répète, c'est insoluble et, surtout, décourageant.»
La solution lucernoise représente-t-elle celle du futur? Resterait alors à ce que clubs et autorités arrivent à s'entendre au niveau financier. Ce qui est loin d'être couru d'avance.?