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Série TVLes humanoïdes sont parmi nous

Avec «Real Humans», les Suédois portent le thème fascinant des robots à la télévision et boostent la science-fiction. A ne pas rater en DVD et tous les jeudis sur Arte.

Laurent Flückiger
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Laurent Flückiger

Ils sont beaux à regarder, dociles et vraiment très pratiques. Ce sont les Hubots. Dans la société que décrit «Real Humans» («Äkta människor» en suédois), une vision alternative de notre réalité, tout le monde ou presque a l'un de ces robots humanoïdes. Il suffit d'aller au Hubot Market en choisir un. C'est qu'il y a plusieurs modèles: pour travailler à l'usine, pour conduire, pour nettoyer, faire la cuisine. Il y a aussi le modèle spécialement conçu pour les seniors: le Hubot gériatrique. Sa voix s'ajuste à la surdité de son interlocuteur, il sait aussi réanimer son propriétaire et lui rappeler qu'il doit prendre ses pilules.

Les humains s'y attachent

Le Hubot est vendu dans un grand carton, on appuie sur un bouton sous l'aisselle gauche pour le mettre en fonction, on lui choisit un nom et le tour est joué! L'avantage est indéniable: l'homme a plus de temps pour lui et sa famille. Mais l'incursion de ces machines intelligentes dans le quotidien n'est pas sans conséquences. C'est dans cette thématique que s'engouffre avec brio «Real Humans».

Le premier épisode de la série nous montre que certains humains ont de l'affection pour ces androïdes. Comme ce grand-père, dont c'est la seule compagnie. Son gendre ne veut pas de lui à la maison, alors forcément il a un Hubot. Et quand ce dernier se détraque, il ne peut se résigner à l'envoyer à la broyeuse, comme un simple détritus. Les enfants aussi s'attachent aux Hubots. Quand cette famille de classe moyenne accueille son premier modèle, la petite fille est aux anges. Sa maman, par contre, ne voit pas d'un bon œil que ce ne soit plus elle à qui l'on demande de lire une histoire.

Du sexe avec un Hubot

Car les Hubots prennent de plus en plus de place. A l'usine, ils volent le job des ouvriers. A la maison, ils volent leurs femmes. Si certains humains commencent à se révolter, d'autres militent pour que la loi reconnaisse les couples mixtes. Ces androïdes peuvent en effet soulager les pulsions sexuelles. C'est interdit, mais il y a un programme spécial prévu à cet effet. Et si la police veille et les hôtels arborent des panneaux expliquant que les chiens comme les Hubots sont interdits, il existe des cabarets clandestins offrant les services de «non-stop beautiful ladies». Des robots que les contrebandiers kidnappent et revendent au marché noir, après avoir reprogrammé leur carte à puce. Enfin, il y a les Hubots qui ont choisi la clandestinité — on découvrira comment au fil des épisodes — et la lutte armée pour obtenir un statut de citoyen à part entière.

La force de Lars Lundström et de sa série «Real Humans» est d'offrir un champ de réflexion passionnant au téléspectateur. Dans ce monde qui pourrait être le nôtre, où les différences entre machines et humains s'estompent à ce point, que ferions-nous? Céderions-nous à nos vieux réflexes d'esclavagistes? Verrions-nous les Hubots comme une menace? Nous attacherions-nous à eux, au point même d'en être attiré?

Des questions qu'il n'est pas trop tôt de se poser. Ecrans.fr nous rappelle que depuis 2007, la Corée du Sud a mis en place une charte des droits des robots, interdisant notamment de les malmener. En attendant d'en avoir un à la maison, habituons-nous de les voir à l'écran. Car, après les vampires et les zombies, grâce à «Real Humans», les androïdes pourraient bien envahir toutes les chaînes.

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