CanadaLes libéraux de Justin Trudeau gagnent le Parlement
Le parti libéral remporte les législatives canadiennes et décroche la majorité au Parlement.
Le Parti libéral de Justin Trudeau a remporté une victoire éclatante aux législatives lundi au Canada, mettant un terme à une décennie de pouvoir conservateur. «Je serai le Premier ministre de tous les Canadiens», a lancé dans la nuit un Justin Trudeau souriant.
L'ampleur de la victoire permet aux libéraux de disposer d'une large majorité avec 184 sièges (résultats non définitifs) sur les 338 de la Chambre des communes à Ottawa. Cette majorité va leur permettre de mener une politique basée sur leur plateforme électorale, avec l'objectif de replacer le Canada sur l'échiquier mondial.
Sur l'environnement et l'accueil des réfugiés syriens, le nouveau Premier ministre, a promis d'être plus volontariste et généreux.
Pour les conservateurs, la défaite est avant tout celle de leur chef, Stephen Harper. Réélu à Calgary, il a cependant annoncé qu'il quittait la direction du parti. En gardant leurs bastions à l'Ouest, les conservateurs ont obtenu 99 sièges. Ils sont désormais la deuxième force politique devant les sociaux-démocrates du NPD et leurs 44 sièges.
Volonté de changement
Les Canadiens ont été un peu plus nombreux à voter pour ce scrutin, signe d'une volonté d'un véritable changement. Le taux de participation dépassait légèrement les 68% contre 61% il y a quatre ans.
Réunis dans un grand hôtel montréalais, les partisans de Justin Trudeau ont laissé éclater leur joie à mesure que la victoire se dessinait. «Je connais Justin Trudeau depuis longtemps et c'est quelqu'un de très courtois et honnête», a confié à l'AFP Max Liberman, militant du parti libéral.
A quelques centaines de mètres, les mines étaient tristes chez les sociaux-démocrates. Leur leader Thomas Mulcair les a remerciés en assurant qu'«un nouveau chapitre s'ouvre» pour le parti avec maintenant «des racines dans tous les coins du pays».
Justin Trudeau a relevé son parti
Deux ans après avoir pris les rênes des libéraux, Justin Trudeau a relevé un parti laminé aux dernières législatives, entachés par les scandales et les conflits d'intérêt. Rien ne laissait prévoir au début d'une longue campagne de 78 jours qu'il s'imposerait avec une aisance et une assurance peu communes pour ses premiers débats télévisés, face à des adversaires rompus à l'exercice.
Il va ainsi retrouver, un peu plus de 30 ans après, la résidence du Premier ministre à Ottawa où il a passé toute son enfance quand son père Pierre Elliott Trudeau en était le locataire.
Justin Trudeau a patiemment mené sa campagne en gardant une ligne claire, caressant la classe moyenne avec des promesses de baisse d'impôts en allant taxer les plus riches.
Récession et réfugiés
L'économie, socle sur lequel le Premier ministre sortant a voulu capitaliser, a finalement souri aux libéraux. Avec une récession sur les six premiers mois de l'année, en raison de la chute des prix du pétrole, Justin Trudeau a promis de relancer l'activité avec un programme d'infrastructures et des emplois à la clé., Cela, au prix de trois prochaines années en déficit budgétaire.
Autre moment important de la campagne, la crise des réfugiés en Méditerranée avec une offre immédiate des libéraux d'accueillir 25'000 Syriens avant la fin de l'année. Le nouveau chef de gouvernement a aussi promis de ne plus participer, au sein de la coalition internationale menée par les Etats-Unis, aux frappes aériennes contre le groupe Etat islamique.
Pour les sociaux-démocrates et Thomas Mulcair en particulier, la défaite est amère et sonne comme une déroute après avoir créé la surprise quatre ans plus tôt. Il enregistre son recul le plus important au Québec où le parti avait gagné en 2011 ses principaux bastions en balayant les indépendantistes du Bloc québécois (seulement 16 députés contre 59 en 2011).