Course à l’EuropeLes nouveaux équilibres de Servette
Les Grenat n’ont pas le contingent du FC Bâle pour jongler en cette fin de saison éprouvante, mais ils opposent d’autres arguments.

- par
- Daniel Visentini

23 février 2020. Servette est en déplacement à Bâle, c’est son dernier match avant longtemps mais il ne le sait évidemment pas. Vingt minutes en enfer pour commencer, les Rhénans qui mènent 2-0, des Genevois groggy qui mesurent peut-être ce qui les sépare encore des grosses écuries de la saison, même si leur parcours est admirable jusque-là. Et puis il y a cette seconde mi-temps incroyable et surtout ce dernier quart d’heure, avec des Grenat qui dominent et qui égalisent, 2-2 score final.
19 juillet 2020. Servette retrouve Bâle à Genève. La longue pause est passée par là, les hommes de Geiger ont eu d’abord un peu de peine à la digérer, eux qui étaient portés par une belle dynamique au moment où tout s’est arrêté. Mais le résultat demeure le même, 2-2, au prix d’une performance collective différente mais pareillement rafraîchissante.
Il y a matière à réflexion pour ce Servette FC qui sait s’adapter. Il n’a sans doute pas le contingent d’un YB ou d’un Bâle pour jongler en cette fin de saison estivale qui sollicite tant les organismes, mais il oppose d’autres arguments.
Bloc haut et lignes fermées
Les Genevois savent désormais jouer haut, plus encore que par le passé, pour gêner l’adversaire. Le bloc défensif y veille, en remontant sa ligne dans le terrain, le reste c’est l’occupation des zones et la fermeture des lignes de passes adverses. Contre Bâle, Xhaka et Frei n’ont pas souvent eu le loisir de figurer en premier relais. Il y a un risque: le malin Cabral, décrochant pour se placer dans les intervalles, aura pointé le doigt dessus en étant à l’origine du premier but bâlois.
Mais Servette a évolué. De la possession du ballon, il ne fait plus une obsession. Surtout: il a appris à trouver les espaces plus vite, dans la verticalité. Que leur 4-4-2 s’articule à plat ou en losange, les Grenat savent exploiter les ruptures sans temporiser. Ce fut le cas sur le premier but de Kyei, avec une touche jouée devant, très rapidement. Vers Schalk. La «bombe de Breda» fait du bien à Servette dans cet exercice: il cherche la profondeur, il est explosif.
Pivot ou profondeur
Alex Schalk donne plus d’envergure à la nouvelle philosophie, sans que cela interdise le jeu posé. Un nouvel équilibre, pour tout dire. Servette sait désormais jouer vite devant, en cherchant un pivot (Kyei ou Kone) ou en visant Schalk pour plus de profondeur. Il y a là l’idée d’une nouvelle force collective.
On veut croire que les problèmes défensifs des deux derniers matches ne racontent que l’usure du moment, avec ces matches à répétition pour un contingent plus étroit que d’autres. Servette était la meilleure défense il y a une semaine encore, il vient d’encaisser quatre buts à Berne et deux contre Bâle. Inquiétant? Pas forcément.
Servette va terminer la saison en luttant pour cette place européenne à laquelle il est accroché depuis plusieurs semaines déjà. Mais il progresse en cours de route. En étoffant son champ d’action. C’est bien. Ce sera utile pour affronter Thoune, Xamax, Lugano et Sion, les quatre derniers du classement. Des équipes qui ne se livrent pas, qui spéculent, contre lesquelles les Servettiens ont trop souvent été à la peine. Intéressant pour ce sprint final et pour la prochaine saison.