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Coup de théâtreLes offres pour Petroplus sont irrecevables

La raffinerie en difficulté Petroplus, de Petit-Couronne, a connu un énième coup de théâtre mercredi lorsque les 470 salariés ont appris que les offres de reprise, non recevables en l'état, devaient encore être améliorées.

Ouvert en 1929, le site de Petit-Couronne est menacé depuis plus d'un an.

Ouvert en 1929, le site de Petit-Couronne est menacé depuis plus d'un an.

AFP

La nouvelle est tombée mercredi en milieu d'après-midi au cours d'un comité d'entreprise, laissant les salariés et leurs représentants syndicaux dans le désarroi.

«On est des gens dignes mais, là, on a un gouvernement d'enfoirés: faire des fausses joies aux gens, c'est ça qui nous met en colère», a dit Christian qui travaille depuis 30 ans à la raffinerie.

Réunis devant le Comité d'entreprise, la direction et les administrateurs se sont félicités des offres de reprise déposées mardi par le suisse Terrae, l'égyptien Arabiyya Lel Istithmaraat International, la société libyenne Murzuk Oil, la chypriote FJ Energy Group.

Ils ont précisé que NetOil, société panaméenne, avait confirmé son offre précédente, qui avait déjà été rejetée par le tribunal. Réactions syndicales

L'offre de la société française Damanapol International proposerait de se mettre à disposition de tous les autres dossiers de rachat pour une contribution au financement via un «investissement salarial ou populaire», selon une source proche du dossier.

Toutefois, ont-ils expliqué dans un communiqué, les offres ne sont pas «recevables en l'état» par le tribunal de commerce.

Du côté des syndicats, le porte-parole de l'intersyndicale CGT-CFDT-CFE/CGC Yvan Scornet (CGT) a réagi: «Aujourd'hui, on nous dit que les offres ne sont pas recevables.

Quand je vous parlais des montagnes russes: lundi, on nous dit qu'il n'y a pas grand-chose, mardi, on était vers le haut, et aujourd'hui plus rien».

Plusieurs représentants syndicaux ont indiqué que les candidats à la reprise pouvaient passer outre l'administrateur judiciaire. «Libre aux repreneurs de finaliser leurs offres pour les présenter eux-mêmes au tribunal», a ainsi estimé Laurent Patinier de la CFDT.

Conditions pas réunies

De son côté, la direction du site à confirmé à la presse que cette option était possible. «On en veut un peu au gouvernement qui a beaucoup travaillé mais fait des effets d'annonce», a ajouté Laurent Patinier.

Dans son communiqué, la direction de Petroplus a confirmé mercredi qu'aucun «des dossiers déposés ne constitue (...) une offre susceptible d'être présentée au Tribunal dans l'objectif d'un plan de cession».

Selon elle, les candidats n'ont pas réuni les conditions nécessaires: «un engagement ferme, formalisé dans une offre structurée, des preuves de financement (approvisionnement en pétrole brut, exploitation de la raffinerie, modernisation de l'outil industriel) et un plan d'investissement et de développement, qui permettent la poursuite de l'activité et la préservation des emplois».

Plan de sauvegarde de l'emploi déclenché

«En l'absence d'offre juridiquement recevable au 5 février, les administrateurs judiciaires et le directeur du site ont donc annoncé leur intention d'engager» les procédures préalables à un plan de sauvegarde de l'emploi (PSE) du site, poursuit la direction.

De son côté, le ministre du Redressement productif, Arnaud Montebourg, a déclaré mercredi que les offres de reprise de la raffinerie Pétroplus avaient besoin «d'être finalisées».

Le parquet a demandé un report de l'audience du tribunal de commerce de Rouen consacrée à leur examen. Un tel report laisserait du temps aux candidats de parfaire leurs projets.

Arnaud Montebourg avait pourtant estimé mardi que, sur les cinq offres présentées, deux «paraissent sérieuses et financées».

Par ailleurs, l'intersyndicale sera reçue vendredi au ministère de l'Energie pour négocier une participation de Shell, l'opérateur historique, à une reprise, a annoncé mercredi matin Nicolas Vincent, représentant de la CGT à Petroplus.

Site menacé depuis 1 an

L'espoir des salariés avait été encouragé mardi par l'engagement du gouvernement via Arnaud Montebourg de participer «de façon minoritaire» à une reprise, même si le Premier ministre Jean-Marc Ayrault a insisté sur le fait que l'Etat ne s'engagerait qu'à condition qu'il y ait une «offre crédible».

Une source proche du dossier a estimé que «Matignon a peut-être été plus prudent dans l'expression» que ne l'a été le cabinet du ministre du Redressement productif.Passant en revue l'ensemble du dossier qu'elle suit attentivement, une autre source a commenté: «en clair, rien ne semble compromis».

Dans son offre très médiatisée, l'égyptien Arabiyya Lel Istithmaraat, «a souhaité que l'Etat participe à concurrence de 20 ou 25% maximum au capital social» tout en assurant que «l'offre sera maintenue si l'Etat refuse», selon son représentant en France, Michel Billard de la Motte, qui s'exprimait mercredi matin sur Europe 1.

Ouvert en 1929, le site de Petit-Couronne est menacé depuis plus d'un an. La poursuite de l'activité est prévue jusqu'au 16 avril.

(AFP)

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