RussieLes Pussy Riot en prison pour une «prière» anti-Poutine
Un tribunal de Moscou a ordonné le maintien en détention jusqu'en 2013 des trois femmes du groupe Pussy Riot. Les chanteuses ont été arrêtées pour une «prière» anti-Poutine dans la cathédrale du Christ-Sauveur.

Nadejda Tolokonnikova, 22 ans, Ekaterina Samoutsevitch, 29 ans, et Maria Alekhina, 24 ans resteront en détention jusqu'au 12 janvier.
Un tribunal de Moscou a ordonné vendredi le maintien en détention jusqu'en 2013 des trois femmes du groupe Pussy Riot arrêtées il y a quatre mois pour une «prière punk» anti-Poutine dans la cathédrale du Christ-Sauveur. Elles encourent sept ans de prison pour hooliganisme. Nadejda Tolokonnikova, 22 ans, Ekaterina Samoutsevitch, 29 ans, et Maria Alekhina, 24 ans resteront en détention jusqu'au 12 janvier, a précisé une porte-parole du tribunal Khamovnitcheski qui a satisfait ainsi la demande du parquet.
«Nous allons bien sûr faire appel de cette décision», a déclaré l'un des avocats des Pussy Riot. Ils dénoncent tous une «commande» politique. La prochaine audience préliminaire du procès a été fixée à lundi, a précisé la porte-parole du tribunal.
Poutine cité comme témoin
Durant cette audience, les magistrats statueront sur les demandes des avocats de la défense qui veulent faire citer comme témoin une trentaine de personnes, parmi lesquelles le président russe, Vladimir Poutine, et le patriarche de Moscou et de toutes les Russies, Kirill.
Les trois jeunes femmes sont poursuivies pour avoir s'être livrées le 21 février, encagoulées, avec guitares et sonorisation, à une «prière punk» intitulée «Marie mère de Dieu - chasse Poutine!» à l'intérieur de la cathédrale du Christ-Sauveur, dans la capitale russe.
Cette prière anti-Poutine a suscité de nombreuses réactions de désapprobation, dans un pays qui a connu depuis la chute du régime soviétique en 1991 un renouveau religieux.
Le patriarcat de Moscou a adopté une position extrêmement ferme à l'égard de cette affaire, et de nombreux militants orthodoxes ont appelé à sévèrement punir les participantes à ce spectacle «blasphématoire». Même le parquet a fait référence à des termes religieux en parlant, dans l'acte d'accusation, d'un «sacrilège» commis par les trois jeunes femmes.
Manifestants devant le tribunal
Mais de nombreuses personnalités russes ont pris la défense des trois prévenues. Fin juin, plus de 100 artistes russes de premier plan ont publié une lettre ouverte dans laquelle ils appelaient à la libération des trois femmes, estimant que de telles poursuites «discréditaient le système judiciaire russe».
Des dizaines de militants s'étaient réunis vendredi dans les alentours du tribunal pour témoigner de leur soutien aux jeunes femmes. «La Russie se transforme en Etat totalitaire», a martelé le père de Ekaterina Samoutsevitch, présent parmi eux.
Parallèlement, d'autres étaient venus dénoncer les actes «provocateurs et insultants» des Pussy Riot et brandissaient des pancartes sur lesquelles on pouvait lire «Pour la morale» et «Défendez nos enfants».