VaudLes quatre abuseurs de Gaëlle écopent de 3 ans à 4 ans et demi ferme
Le verdict est tombé. Les quatre hommes sont condamnés à des peines allant de 3 ans à 4 ans et demi de prison pour avoir abusé de la jeune Valaisanne, retrouvée morte dans le lac à Vevey.
- par
- Evelyne Emeri
Suralcoolisée. Surmédicamentée. Surdroguée. Gaëlle n'était plus elle-même ce vendredi 9 mars 2018. Quand elle croise le chemin des deux premiers requérants d'asile de l'Établissement vaudois d'accueil des migrants (EVAM) à Vevey, vers 19h, elle les suit au bord du lac. Deux autres viendront. Elle demande de l'affection, des relations sexuelles. De manière quasi obsessionnelle. Elle les chauffe. La malheureuse est en détresse physique et psychique. Ils en abusent, elle est incapable de s'opposer. Ses compagnons de soirée, eux, profiteront de l'objet. Une femme objet, transgenre. Qui a trouvé la mort dans les eaux glacées du Léman. Son corps sans vie a été retrouvé le samedi 10 mars au matin par une promeneuse. On ne saura jamais pourquoi et comment elle a chuté.
«Les accusés savent très bien»
Mardi au premier jour du procès, les quatre coprévenus ont tout essayé. Ils essaient tout depuis un an, en réalité. Un an de détention durant lequel ils n'ont visiblement pas eu le temps de prendre conscience de ce qu'ils avaient fait et du résultat. Et bien peu de regrets. Le procureur Stephan Johner a été intraitable mercredi matin lors de son réquisitoire et s'est forgé une conviction: «Les accusés savent très bien ce qu'il s'est passé et quels ont été ses derniers instants. Elle n'est jamais restée seule. Mais ils ont peur et préfèrent taire la vérité.» Durant les débats, le président de céans, Franz Moos, et le représentant du Parquet ont, eux aussi, tout tenté, jusqu'au dernier moment, pour les faire parler et offrir un peu d'apaisement à la famille de Gaëlle.
«Comme une valeur marchande»
Dans son jugement rendu mercredi en fin de journée, le Tribunal d'arrondissement de l'Est vaudois constate un certain nombre d'incertitudes, liées en partie au décès de la victime et surtout aux très nombreuses versions des accusés qui n'ont cessé d'évoluer. Il observe également que le fait que son ex-copain l'a éconduite dans l'après-midi a mis Gaëlle dans un état de dérive avancé. État qui s'est péjoré encore avec une surconsommation d'alcool et de médicaments (ndlr. anxiolytique en dose thérapeutique et antidépresseurs dans la fourchette toxique). La Cour a acquis la certitude qu'«elle n'avait plus du tout sa capacité de discernement». De même qu'il y avait bien un meneur, l'Algérien de 29 ans, qui a proposé la victime aux trois autres «comme une valeur marchande». Sexe contre drogue.
La tournante retenue
«Les prévenus ne pouvaient ignorer la détresse de Gaëlle, ils l'ont acceptée et utilisée.» Les juges estiment la culpabilité des quatre Maghrébins lourde et les condamnent à des peines ferme allant de 3 ans à 4 ans et demi. Ils retiennent les mêmes infractions que le Ministère public: les actes d'ordre sexuel commis sur une personne incapable de discernement ou de résistance; en aggravation, l'atteinte à l'intégrité sexuelle commise en commun (ndlr. tournante); de même que l'instigation à actes d'ordre sexuel commis sur une personne incapable de discernement ou de résistance uniquement à l'encontre du leader de la bande. «Il y a bien eu une succession concertée, estime le tribunal, Même s'il est vraisemblable que la victime cherchait le rapprochement physique, cela ne veut pas dire qu'elle était consentante. Rien ne permettait de la livrer en pâture.»
evelyne.emeri@lematin.ch