Interdiction: Les Romands gavés par le foie gras

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InterdictionLes Romands gavés par le foie gras

Les élus romands ont voté en grande majorité pour interdire l'importation de foie gras et de cuisses de grenouille. En auraient-ils marre de la bonne bouffe?

Eric Felley
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Eric Felley
Certains parlementaires romands confessent regretter leur votesur la question de l'interdiction d'importer du foie gras.

Certains parlementaires romands confessent regretter leur votesur la question de l'interdiction d'importer du foie gras.

Jean-Louis Pradel/Maxppp

La semaine dernière, la décision du Conseil national visant à interdire l'importation de «produits provenant d'animaux ayant subi de mauvais traitement» a causé un tollé. La perspective que foie gras et cuisses de grenouille soient interdits à l'importation a suscité des commentaires acerbes concernant la liberté de chacun de manger ce qu'il veut.

Comment expliquer que les élus romands aient fortement soutenu cette motion du socialiste Matthias Aebischer (PS/BE)? Parmi eux, seuls quatorze l'ont refusée et vingt-huit l'ont acceptée. On se serait attendu à ce que la délégation romande défende mieux ces spécialités gastronomiques. Au contraire des Alémaniques, qui n'aiment pas trop ni foie gras ni cuisses de batracien. Parmi les Romands qui ont accepté la motion, on trouve les démocrates-chrétiens Guillaume Barazzone (PDC/GE), Jean-Paul Gschwind (PDC/JU), Claude Béglé (PDC/VD) ou Yannick Buttet (PDC/VS). On trouve aussi tous les Vaudois de l'UDC: Jacques Nicolet, Jean-Pierre Grin, Michaël Buffat et Alice Glauser… En auraient-ils tous assez du foie gras?

Du homard au menu

Le lendemain du vote, le vice-président du PDC suisse, Yannick Buttet, était tout retourné par les réactions de l'opinion publique: «Je crois qu'il y a eu un malentendu. Avec les paysans, nous avons voté pour la motion en pensant que nous parlions des conditions d'élevage pour la viande ou la volaille, mais pas spécifiquement sur le foie gras ou les cuisses de grenouille. Si cela avait été compris comme ça, aucun élu de droite n'aurait voté en faveur de cette motion.»

Jacques Bourgeois (PLR/FR), directeur de l'Union suisse des paysans, s'est lui-même abstenu: «Le titre était trompeur et il a induit les gens en erreur. Bien sûr, nous sommes tous contre les mauvais traitements. En Suisse, on est strict là-dessus, on s'attend à ce que les pays qui nous entourent le soient aussi. Mais, de là à interdire un produit comme le foie gras, il y a un pas que je ne franchis pas.»

Pour les socialistes et les Verts, le soutien était plus logique. Mais même Jean Christophe Schwaab (PS/VD) regrettait d'avoir voté ainsi: «Personnellement, je suis un amateur de foie gras et n'avais pas compris que cela visait à interdire son importation. Mais je pense que le Conseil des États saura corriger le tir.»

Cette semaine, les conseillers nationaux ont encore du homard au menu. Ils se prononceront jeudi sur une motion qui veut interdire l'importation des homards vivants. Cette fois, les élus ne vont pas se laisser ébouillanter.

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