Bosnie: Les Serbes brandissent la menace d'une sécession

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BosnieLes Serbes brandissent la menace d'une sécession

Les députés serbes de Bosnie demandent le départ du pays des juges internationaux, accusés d'être «anti-serbes».

Zeljka Cvijanovi (droite), présidente de l'entité serbe au Parlement, estime que «Les Serbes sont frustrés par les efforts continus visant à déconstruire leur identité».

Zeljka Cvijanovi (droite), présidente de l'entité serbe au Parlement, estime que «Les Serbes sont frustrés par les efforts continus visant à déconstruire leur identité».

Keystone

Les Serbes de Bosnie ont voté lundi le blocage des institutions fédérales. Ils ont brandi la menace d'une sécession et réclamé le départ du pays divisé de juges internationaux qu'ils accusent d'être «anti-serbes».

Le vote au Parlement de la Republika Srpska (RS, entité serbe), à Banja Luka (nord), risque de plonger le pays dans une nouvelle crise, deux mois seulement après la mise en place laborieuse d'un gouvernement central plus d'un an après les élections.

«Les Serbes sont frustrés par les efforts continus visant à déconstruire leur identité et à réduire la capacité constitutionnelle de la Republika Srpska», a déclaré au Parlement Zeljka Cvijanovic, la présidente de cette entité. Les députés ont apporté dans la soirée leur feu vert à la récente décision des principaux partis politiques serbes bosniens de bloquer le fonctionnement des institutions fédérales.

Juges internationaux critiqués

Depuis la guerre intercommunautaire (1992-95, 100'000 morts), la Bosnie est composée de deux entités, l'une serbe et l'autre croato-bosniaque, coiffées par un gouvernement central. Les députés de la RS ont donné 60 jours au Parlement central pour mettre en oeuvre une réforme de la Cour constitutionnelle qui mettrait fin au mandat des juges internationaux.

Outre six juges locaux (deux Serbes, deux Bosniaques et deux Croates), trois juges internationaux, nommés par la Cour européenne des droits de l'Homme, siègent dans cette instance depuis la fin de la guerre. Vendredi, les ambassadeurs des principaux pays occidentaux ont déclaré que «le retrait unilatéral des institutions, ou le blocage de la prise de décisions, sont inacceptables».

Les Serbes n'en sont pas à leur première passe d'armes avec les juges internationaux. Cette fois, c'est une décision sur la propriété foncière qui a mis le feu aux poudres. Saisie par des députés bosniaques (musulmans), la Cour a jugé que les terrains agricoles pour lesquels n'existent pas de titres de propriété appartenaient à l'État central et non aux entités, prenant le contre-pied d'une loi de l'entité serbe.

Référendum sur l'indépendance

Ces derniers jours, le membre serbe de la présidence collégiale de Bosnie, Milorad Dodik, a évoqué à plusieurs reprises son ambition d'organiser un référendum sur l'indépendance de l'entité serbe, au grand dam des responsables politiques bosniaques. Il a déclaré samedi que «la ligne rouge (avait) été dépassée», et a accusé «les pays occidentaux» de contribuer aux «efforts (des Bosniaques, ndlr) visant à étouffer la Republika Srpska».

«Goodbye Bosnie, welcome RS-exit», a lancé lundi Milorad Dodik aux députés, référence à la sortie de la Grande-Bretagne de l'Union européenne. «On se voit dans 60 jours. Je crois que je serai alors encore plus convaincu» de la nécessité d'un divorce, a ajouté le chef politique des Serbes de Bosnie, qui ne cesse de répéter que la Bosnie est un «pays raté».

(ats)

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