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Fin de l'âge d'or«Les séries américaines s'essoufflent»

La période de gloire de la série américaine est révolue selon le directeur artistique du festival Séries Mania, qui démarre à Paris lundi. Interview.

Pour Frédéric Lavigne, «l'âge d'or innocent» des séries comme «Soprano» et «Six Feet Under» (ci-dessus) est révolu.

Pour Frédéric Lavigne, «l'âge d'or innocent» des séries comme «Soprano» et «Six Feet Under» (ci-dessus) est révolu.

Keystone

La série américaine fait face à un "léger essoufflement" et se trouve de plus en plus concurrencée par des productions israéliennes, scandinaves ou australiennes, estime Frédéric Lavigne, directeur artistique du festival Séries Mania, qui démarre à Paris lundi.

Les séries américaines dominent la programmation des chaînes françaises, pourtant parmi les 37 séries proposées à votre festival, seulement 12 sont américaines. Pourquoi?

Frédéric Lavigne: Dans les nouveautés américaines cette année, nous avons trouvé qu'il y avait moins de choses renversantes. Il y a un léger essoufflement de la série US. Du coup nous sommes allés voir ailleurs. L'âge d'or innocent des années 1990-début 2000, l'époque des "Soprano" ou "Six Feet Under", est révolu. La série US fait face à la concurrence des séries israéliennes, scandinaves ou britanniques. D'ailleurs, les américains vont chercher des idées dans les séries du monde. Il y a beaucoup d'adaptations, comme "Homeland" (adaptation de la série israélienne "Hatufim"), "In Treatment" (adaptation de l'israélienne "BeTipul") ou "The Killing" (adaptation d'une série policière éponyme danoise).

Comment expliquez-vous l'engouement pour les séries?

Elles répondent à un besoin de se faire raconter des histoires. Dans un monde d'images, elles prennent un petit peu le relais de la littérature, dans leur capacité à raconter des histoires complexes. Elles compensent aussi une certaine faiblesse du cinéma américain, qui s'est enfermé dans une volonté adolescente de grand spectacle et l'omniprésence numérique. La série offre quelque chose de plus humain. Beaucoup d'artistes américains trouvent maintenant refuge dans les séries pour exprimer leur créativité et leur sensibilité, avec des histoires plus humaines et moins vouées au grand spectacle.

Aux Etats-Unis, les frontières semblent de plus en plus poreuses entre le cinéma et la série, qu'en est-il de la France?

Beaucoup de talents du cinéma aux Etats-Unis migrent vers les séries, quelquefois de manière ponctuelle, comme Dustin Hoffman qui joue dans "Luck" ou Glenn Close dans "Damages". Des réalisateurs comme Martin Scorsese, Michael Mann, Gus Van Sant trouvent dans la série un terrain d'expérimentation assez intéressant. Steve Buscemi, qui joue dans "Boardwalk Empire", est aussi réalisateur. En France, on a vu Nathalie Baye dans "Les Hommes de l'ombre" ou Sandrine Bonnaire et Sami Bouajila dans "Signature". Quelque chose est en train de se déclencher du côté des comédiens, c'est moins vrai pour les réalisateurs en France. Cela reste très cloisonné en général et la France a beaucoup de retard dans ce domaine. En Grande-Bretagne, par exemple, il n'y a jamais eu de problèmes de passer du théâtre au cinéma, puis à la télé, pour les comédiens. C'est pour cela que l'interprétation y est aussi magistrale: ce sont des comédiens rompus à toutes les formes de spectacle.

(AFP)

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