UkraineLes soldats creusent des tranchées
Après la validation de la loi martiale, les soldats ukrainiens se préparaient à une attaque russe.
Dans l'est de l'Ukraine, des soldats ukrainiens creusaient des tranchées et remplissaient leurs sacs de munitions et de rations de survie après la promulgation mercredi de la loi martiale dans un contexte de tension aiguë avec la Russie. Ils se disent prêts à riposter à une attaque russe.
«Il vaut mieux creuser une tranchée de dix mètres de long que de deux mètres de profondeur», s'esclaffe Timokha, un soldat de 22 ans, en faisant référence à la profondeur des tombes.
Une mer stratégique
Les soldats ont été positionnés dans les ruines du village de Chyrokyne, dans l'Est ukrainien, à environ un kilomètre de la ligne de front, à portée de tirs des séparatistes prorusses de la république autoproclamée de Donetsk.
A 800 mètres de là se trouve la mer d'Azov, partagée entre la Russie et l'Ukraine. C'est en tentant de rejoindre cette mer d'une importance stratégique que trois navires ukrainiens ont été arraisonnés dimanche par les gardes-côtes russes au large de la péninsule de Crimée, provoquant la colère de l'Ukraine qui dénonce la détention de 24 marins capturés.
Surveillance accrue
«Nous creusons depuis tôt ce matin, dès que la loi martiale a été promulguée», ajoute Timokha. En réponse à cette capture, le président ukrainien Petro Porochenko a promulgué mercredi la loi martiale dans dix régions frontalières et côtières de l'Ukraine, dont des régions proches des territoires contrôlés par les séparatistes et des rivages de la mer d'Azov.
Bien que la région ait été en guerre depuis 2014, pour Timokha et ses camarades, l'entrée en vigueur de la loi martiale implique un renforcement de leur préparation au combat. «Conformément à la loi martiale, nous surveillons l'ennemi plus étroitement. Nous avons mis en place plus de postes d'observation», explique le soldat.
Les militaires remplissaient leurs sacs avec des munitions et des rations de survie. Ainsi, «s'il se passe quelque chose, nous pouvons riposter à une attaque de l'ennemi et bouger dans différentes directions, ne pas être immobilisés sur place», ajoute-t-il.
«Comme si on était cerné»
«Ils auraient dû recourir à la loi martiale» lors de l'annexion de la Crimée par la Russie en 2014, regrette le militaire.
Depuis l'arraisonnement des trois navires ukrainiens, les militaires ukrainiens ont pris conscience d'une nouvelle menace pouvant venir de la mer d'Azov, et non seulement de la ligne de front, souligne un soldat mitrailleur de 21 ans, surnommé Trotsky.
«C'est comme si on était coincé, comme si on était cerné», ajoute Trotsky, qui se tient dans une tranchée renforcée avec des sacs de sable. Aucun civil n'habite plus à Chyrokyne, depuis que ce village a été dévasté par de violents combats, dont des batailles de chars, en 2015.
Les rues sont jonchées de carcasses de voiture brûlées et de jouets d'enfants. Les militaires ont installé une cuisine de fortune et un coin toilette dans la cour d'une maison. Des munitions de fusil-mitrailleur sont accrochées à la porte.
«Laissez notre pays en paix»
Dans la ville portuaire de Marioupol, contrôlée par Kiev, une centaine d'habitants se sont rassemblés pour manifester leur soutien aux marins ukrainiens capturés par les gardes-côtes russes. «Nous ne pouvons pas rester silencieux quand nos marins sont détenus prisonniers», a déclaré l'organisatrice du rassemblement Galyna Odnorog.
«Nous sommes venus à la manifestation pour dire (au président russe Vladimir, ndlr) Poutine: laissez notre pays en paix», a-t-elle ajouté. Les gardes-côtes de cette ville portuaire située sur le littoral de la mer d'Azov étaient tous en patrouille en mer, ne retournant à terre que pour se ravitailler en nourriture et en carburant.
Mais les autorités régionales ont indiqué que depuis la promulgation de la loi martiale, elles n'ont procédé à aucun changement comme l'instauration d'un couvre-feu ou la fermeture de points de contrôle.
«Rien n'a changé pour nous depuis l'introduction de la loi martiale. Nous en sommes déjà à notre cinquième année de guerre», constate Sergiy, 26 ans, un soldat ukrainien stationné à Marioupol.