Les consommateurs suisses se rendent à l'étranger pour s'y procurer en priorité des aliments, des produits de soins ou des vêtements.

En ajoutant 600 millions de francs d'emplettes en ligne, les achats transfrontaliers ont totalisé 5,1 milliards, selon les résultats de l'enquête présentés vendredi à Zurich par l'institut d'études de marché GfK. Un montant qui correspond à 5% du chiffre d'affaires du commerce de détail suisse, estimé à 96,8 milliards en 2012.

Quant aux achats spontanés effectués lors de voyages ou de vacances, ils se chiffrent à 3,8 milliards de francs, a indiqué Thomas Hochreutener, du GfK. Les services, acquisitions de voitures ou dépenses au restaurant à l'étranger notamment ne sont toutefois pas inclus.

Un bon tiers des débours hors frontières, y compris en voyage, est investi dans la nourriture et les produits d'hygiène, et 2,6 milliards de francs dans la mode. Les Suisses ont en outre déboursé 660 millions pour des articles de logement, 500 millions pour des appareils électroniques et 240 millions pour des montres ou des bijoux.

L'enquête montre que les visites ciblées dans les supermarchés limitrophes visent d'abord la viande et le poisson (360 millions de francs dépensés) puis les produits laitiers (215 millions). Les boissons alcoolisées (120 millions) et les fruits et légumes (155 millions) valent aussi le déplacement.

A l'instar des Tessinois, champions suisses de l'évasion du pouvoir d'achat, les Romands sont des adeptes de la discipline. Pour les cantons de Genève, Vaud, Neuchâtel et Jura pris dans leur ensemble, près d'un sondé sur trois a fait des courses à l'étranger au cours du dernier mois, la moitié lorsque sont pris en compte les voyages.

Les quatre cantons romands considérés affichent des dépenses hors frontières à hauteur de 1,5 milliard de francs, dont 850 rien que sur le compte du tourisme d'achat. Leurs emplettes se concentrent sans surprise en France, où elles dépassent le milliard.

Au niveau national, c'est toutefois l'Allemagne qui, parmi les pays voisins, fait figure de «grand profiteur», relève Thomas Hochreutener. Hors commerce en ligne, elle a empoché à elle seule 4,6 milliards de francs ou 55% des dépenses. Outre-Jura, les achats ont totalisé 1,4 milliard.

En Italie et en Autriche, les consommateurs ou visiteurs helvétiques ont dépensé l'an dernier 800 millions respectivement 400 millions de francs. L'enquête du GfK évalue à 1,1 milliard le montant des courses dans le reste du monde.

La principale motivation du touriste acheteur reste, à 81%, les prix plus avantageux au regard de la Suisse, îlot de cherté. Les répondants citent non seulement le cours favorable de l'euro mais encore les produits de marque en général meilleur marché, et la possibilité de récupérer la taxe sur la valeur ajoutée.

Moins d'un quart des sondés mentionnent l'avantage comparatif des horaires d'ouverture des magasins. Au Tessin, cet aspect constitue une bonne raison de passer en Italie pour 55% des répondants, alors que dans un canton libéral en la matière comme Zurich, il n'importe qu'à 10% des participants.

Le GfK a réalisé son enquête à la demande de la Communauté d'intérêt du commerce de détail suisse (CI CDS), créée notamment par Migros, Coop et Manor, inquiets de la montée en flèche du tourisme d'achat depuis 2 ans. Elle se base sur un échantillon de quelque 4500 personnes.

La présentation contenant des chiffres détaillés peut être consultée sur le site de l'institut GfK.