GenèveLes syndicats veulent renforcer les droits des salariés
La Communauté genevoise d'action syndicale n'aime pas le projet de mise en oeuvre de l'initiative «contre l'immigration de masse» et sa préférence nationale.

La préférence nationale n'amène pas de création d'emplois et n'est pas une réponse au dumping salarial, a souligné la syndicaliste Manuela Cattani.
Le projet de mise en oeuvre de l'initiative «contre l'immigration de masse» qui envisage d'instaurer une préférence nationale n'a pas les faveurs de la Communauté genevoise d'action syndicale (CGAS). Pour cette dernière, la solution passe par un renforcement des droits des salariés.
La préférence nationale n'amène pas de création d'emplois supplémentaires et n'est pas une réponse au dumping salarial, a souligné mercredi la présidente de la CGAS Manuela Cattani. Selon la syndicaliste, elle ne fera que «stigmatiser les migrants» et diviser les salariés «pour le plus grand profit du patronat».
Pas d'impact sur le chômage
La préférence indigène light négociée aux Chambres fédérales est vendue comme une manière de combattre le chômage, alors que ce n'est pas vrai, le chômage n'étant pas lié à la libre circulation des personnes, a pour sa part relevé Alessandro Pelizzari, le vice-président de la CGAS.
Selon lui, le chômage à Genève est essentiellement dû à un déséquilibre du marché du travail. Des postes à haute valeur ajoutée sont créés alors qu'en même temps des emplois dans l'industrie disparaissent. La libre circulation n'est pas responsable de ce problème. Affirmer le contraire est de l'enfumage, a-t-il noté.
Des droits plutôt que des frontières
Pour la CGAS, seul un renforcement des droits des salariés permettra de sortir de l'ornière. La communauté va notamment continuer à se battre pour obtenir des garanties au niveau salarial, accentuer la surveillance du marché du travail, alourdir les sanctions en cas de faute et améliorer la protection contre les licenciements.
Pour qu'une majorité de la population adhère à la libre circulation, il faut accorder plus de droits aux travailleurs, a insisté M. Pelizzari. Selon le syndicaliste, de nombreuses personnes qui ont voté en faveur de l'initiative «contre une immigration de masse» sont des salariés qui ont eu peur pour leur avenir.
Large consensus
Le Conseil de surveillance du marché de l'emploi (CSME), qui est l'autorité tripartite chargée de la politique générale du marché du travail à Genève, est du même avis. Le CSME estime urgent de renforcer le dispositif de mesures d'accompagnement. Il regrette qu'aucune avancée essentielle n'ait été faite sur cette question.
Le CSME a souligné qu'en cas de nouveau vote sur la voie bilatérale, les autorités fédérales seraient bien inspirées de présenter un ensemble d'actions touchant aux conditions de travail. «Le récent vote tessinois est un nouveau signal d'alarme quant aux attentes de la population», a-t-il averti.