EspionnageLes Turcs de Suisse interpellent Berne
L'opposition turque en Suisse souhaite que Berne adopte une position critique face à la réforme constitutionnelle en marche.

Pour l'opposition turque en Suisse, les Turcs résidant dans la Confédération vont être encore davantage espionnés après le référendum. Le Congrès démocratique des peuples Suisse (HDK) souhaite que Berne adopte une position critique dans ce contexte.
Pour Hakan Gürgen, il ne fait pas de doute que le référendum visant à élargir les pouvoirs du président turc a été manipulé. L'acceptation de bulletins dépourvus de tampon revient clairement à duper les électeurs, estime le représentant en Suisse du HDK, interrogé lundi par l'ats. Le HDK est à l'origine de la création du parti d'opposition HDP (pro-kurde).
Hakan Gürgen pense par ailleurs que les Turcs de Suisse seront à l'avenir encore plus «observés» ou espionnés par Ankara que ce n'est déjà le cas. Les personnes non religieuses seraient particulièrement visées.
M. Gürgen souhaite que le gouvernement suisse se montre «critique» dans ce contexte concernant le non-respect des règles démocratiques ou la violence en Turquie. L'Union des démocrates turcs européens (UETD), organisation pro-Erdogan de la diaspora turque, n'était de son côté pas joignable pour une prise de position.
La Suisse continuera son dialogue «critique» avec Ankara
La Suisse a «pris connaissance» des résultats du référendum turc et entend poursuivre son dialogue à la fois «ouvert, critique et constructif» avec Ankara. Elle s'en remet à l'appréciation des observateurs de l'OSCE et du Conseil de l'Europe concernant la régularité du scrutin.
Berne espère par ailleurs que les autorités turques intégreront les voix qui se sont prononcées négativement lors de ce référendum dans le futur processus décisionnel. Cela dans l'intérêt de la stabilité et de l'unité nationale, déclare le Département fédéral des affaires étrangères (DFAE) dans une prise de position diffusée lundi.
La Suisse accorde une grande importance au respect des principes démocratiques, parmi lesquels une justice indépendante, des mécanismes de contrôle forts et le droit à la liberté d'opinion, souligne encore le DFAE.
Elle appelle dans ce contexte Ankara à respecter l'expertise de la Commission de Venise, organe consultatif du Conseil de l'Europe, concernant la réforme de la Constitution en jeu dans ce référendum.
Peine de mort, ligne rouge
Une réintroduction de la peine de mort, en contradiction avec les obligations internationales de la Turquie, ne serait pas acceptable, dit aussi le DFAE.
La Suisse a appelé plusieurs fois Ankara, notamment après le putsch manqué de juillet 2016, à respecter les libertés fondamentales et les principes de l'Etat de droit. Le Conseil fédéral considère qu'un dialogue à la fois «ouvert, critique et constructif» avec Ankara constitue toujours le moyen le plus approprié pour défendre les intérêts et les valeurs de la Suisse.