«Drive-off»Les vols d'essence en recrudescence
En augmentation, les vols à la pompe obligent les stations à recourir à la vidéosurveillance. Efficace, mais onéreux.
- par
- Laurent Grabet

Filmé le matin et ainsi identifié, le voleur est venu nous payer le soir même Fernando Traversa, directeur de la station Esso de La Tour-de-Peilz (VD).
Situation économique morose oblige, les vols d'essence à la pompe ont le vent en poupe, surtout dans les stations de l'arc lémanique. «Le phénomène dit du drive-off a pris de l'ampleur depuis le début de l'année puisque nous enregistrons une augmentation de 15% de ces vols dans nos 163 stations, confirme Bertrand Cornaz, porte-parole d'Esso Suisse. La hausse de 5% du prix par litre, consécutive à la situation géopolitique tendue en Iran, y est pour beaucoup.»
Primes coûteuses
Cette recrudescence est difficilement mesurable mais plusieurs autres gérants de stations-service en attestent. En Romandie, seul le canton de Vaud dispose de statistiques en la matière. En 2011, 140 plaintes ont été déposées par des stations pour vol d'essence contre dix de moins l'année précédente. Une augmentation somme toute modeste de 8%. Sauf qu'elle ne reflète pas pleinement la réalité. Une plainte débouchant souvent sur une mise aux poursuites payante de l'automobiliste indélicat, les stations y renoncent, laissant ainsi dans l'ombre nombre de vols.
Jean-Daniel Boulaz, qui dirige le Garage Autos Carrefour à Chavannes (VD), enregistre en moyenne un, voire deux vols par semaine. En 2011, sa station a ainsi perdu 3000?francs, soit deux fois plus qu'en 2010. Son garage ne dispose pas d'assurance spécifique contre le vol à la pompe car les primes coûteraient plus cher que les sommes perdues, explique le Vaudois. Pour lutter contre les vols, il a donc choisi d'installer à grands frais un système de vidéosurveillance.
C'est là le seul moyen de dissuader ou de pincer les voleurs de tout poil. Fernando Traversa, son collègue de La Tour-de-Peilz (VD), en a eu la preuve il y a peu. Au début du mois de février, sa station s'est dotée pour 25?000?francs d'un système de vidéosurveillance. «Le lendemain matin, nous étions victimes d'un premier vol, raconte-t-il. Grâce aux images de sa voiture, le voleur était identifié par sa plaque d'immatriculation. Menacé de plainte, il est venu payer le soir même en expliquant qu'il avait prêté son véhicule à un ami.»
Fins de mois difficiles
Cette excuse est, avec l'oubli malencontreux, la plus utilisée par les voleurs lorsqu'ils sont pincés. Hommes, femmes, riches ou pauvres, ceux-ci appartiennent à toutes les catégories de la population. A noter toutefois qu'une part non négligeable d'entre eux sont des étrangers de passage, ressentant à ce titre une certaine impunité. «D'autres sont des personnes fauchées, relève Jean-Daniel Boulaz, et le fait que les vols se passent souvent après le 20 du mois le prouve.»