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FootballLes Welches n'ont plus la cote

De l'autre côté de la Sarine, on prédit un avenir funeste à Lausanne et Servette. La conséquence de la calamiteuse dernière saison?

par
Renaud Tschoumy
Lausanne, Servette (ici, Kusunga) et Sion vont devoir montrer autre chose cette saison s'ils veulent retrouver du respect en Suisse allemande.

Lausanne, Servette (ici, Kusunga) et Sion vont devoir montrer autre chose cette saison s'ils veulent retrouver du respect en Suisse allemande.

Keystone

Il fut un temps, pas si éloigné, où le football romand était synonyme de beauté, voire d'excellence. On parlait d'influence latine, de collectifs rodés, de jeu à une touche de balle. Toutes ces qualités s'opposaient à celles des clubs suisses allemands, connus pour leur intransigeance défensive, leur robustesse et leur rapidité à partir en contre-attaque. Bref, d'un côté les esthètes, de l'autre les besogneux.

Mais aujourd'hui, les clubs romands véhiculent une autre image de l'autre côté de la Sarine. Celle de clubs à petits budgets dont on fait les candidats désignés à la lutte contre la relégation, celle aussi de clubs mal gérés conduisant à la faillite (Xamax) ou presque (Servette), celle enfin de clubs empêcheurs de tourner en rond par la seule obstination d'un président (Sion).

Le souvenir des affaires

Ces derniers jours, outre-Sarine, on s'entend pour faire de Servette et de Lausanne les deux plus petites équipes du championnat. Il est vrai que leurs budgets (5 à 6 millions pour les grenat, 6 à 7 pour le FCLS) n'en font pas des favoris du championnat. Du coup, la question est: qui, de Lausanne ou de Servette, sera relégué? Mais ce n'est pas tout. L'image du foot romand en a pris un sacré coup lors de la dernière saison.

Romand connaissant bien la Suisse alémanique – il entraîne Thoune pour la deuxième année et a passé trois ans à la tête du FC Zurich –, Bernard Challandes estime que c'est aussi dû au fait que les Suisses allemands n'ont «pas envie de taper sur leurs clubs, comme les Romands ne le font pas». Mais il admet que «l'image du football romand n'a de loin pas été formidable la saison passée. Pourtant, au niveau des résultats, Servette s'est qualifié pour la Ligue Europa, Lausanne a montré qu'il était là durant le deuxième tour et Sion a sauvé sa place malgré le retrait de 36?points. Mais tout ce que les gens ont retenu, ce sont les affaires.»

Sion, un cas à part

Présentateur vedette des émissions de football à la télévision alémanique (SF), Rainer Salzgeber va plus loin encore: «C'est un peu comme si deux parties signent un contrat et que l'une des deux parties fait un coup par-derrière à son adversaire. La confiance est rompue, et on a de la peine à se dire qu'elle reviendra.»

Les Romands seraient-ils également des «Grecs» dans le milieu du football? «Non, ce n'est pas une question de mentalité générale, mais de personnes, nuance Salzgeber. Chagaev et Pishyar ne sont pas Romands! Et puis, on a vu par le passé que des problèmes pouvaient survenir ailleurs: à Wil, à Saint-Gall, au Tessin, à Kloten si l'on parle de hockey sur glace. Quant à Sion, c'est un cas à part. La qualité a toujours été là. C'est un peu comme une voiture qui a les chevaux nécessaires, mais qui n'est pas pilotée comme il faut.»

Gattuso: arrivée bénéfique

Journaliste spécialisé en football au Tages Anzeiger, Peter Birrer est d'un avis similaire. «Avec Sion, on ne sait jamais ce que la nouvelle saison peut nous apporter. Ce qui est sûr, c'est que son président n'est pas très patient. Il a ses faiblesses, il part au combat contre tout le monde, mais au final, c'est quand même lui qui amène Gattuso en Super League. Et ça, c'est excellent pour la Super League dans son ensemble.»

Lucernois travaillant à Zurich, Peter Birrer n'a rien contre les Romands. «Au contraire, je pense que trois Romands sur dix, c'est un bon ratio. Lausanne et Servette sont à mon avis bien dirigés, mais ils font avec ce qu'ils ont, donc peu. Mais c'est vrai qu'en comparant les contingents de Super League, on peut se dire que les deux clubs lémaniques pourraient avoir de la peine. Leurs deux présidents sont raisonnables, mais parfois, cela ne suffit pas.» Servette (contre Bâle ce soir), Lausanne (demain à Thoune) et Sion (dimanche à Zurich contre Grasshopper) auront d'emblée l'occasion de montrer qu'ils valent mieux que ce qu'on dit d'eux outre-Sarine. Quant à savoir s'ils auront effectivement les moyens de le faire, c'est toute la question.

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