GoreLes zombies s'emparent du CERN
Des chercheurs du CERN ont tourné un film d'horreur au nez et à la barbe du centre européen de recherche. Lancée ce week-end sur Internet, la fiction sanglante connaît un succès international.
- par
- Renaud Michiels
Lorsque le CERN a mis en marche son grand collisionneur de particules (LHC), certains croyaient qu'il allait engendrer un trou noir puis l'apocalypse. Ils avaient presque raison. Le LHC a bien des ratés et le boson de Higgs transforme ceux qui l'approchent en terrifiants zombies affamés de chair humaine. Tel est en tout cas le scénario de «Decay», un film disponible gratuitement sur le Web depuis samedi. Le plus fort? Ce long-métrage de 1 h 15 a été tourné au CERN, durant deux ans, sans aucune autorisation!
La fiction gore est née dans les cerveaux d'une poignée d'étudiants en physique britanniques travaillant au centre de recherche franco-genevois. Leur film – en anglais – utilise les recettes du genre: une alerte dans le collisionneur, des étudiants envoyés dans des sous-sols lugubres, des hurlements, de la peur, des morts-vivants cannibales et un déluge d'hémoglobine avec explosions de cervelles et autres tournevis plantés dans le crâne. Il contient des répliques qui ne passeront pas toutes à la postérité: «On doit stopper le LHC!» «Higgs les a tués!» Reste que pour un film amateur au budget affiché de 3000 francs, c'est plutôt une réussite.
«Nous ne savions pas que ce tournage avait eu lieu car il n'y a eu aucune demande d'autorisation», explique James Gillies, directeur de la communication du CERN. «Ces étudiants nous ont montré le scénario après le tournage. Nous n'avons pas autorisé le film car le directeur du CERN y apparaît comme une sorte de sale type sans éthique… Mais on ne l'a pas interdit non plus. L'important pour nous est de souligner que les scènes ont été prises dans les sous-sols du site genevois du CERN, mais évidemment pas dans le tunnel du collisionneur, qui est hautement sécurisé.»
Lancés il y a deux jours sur decayfilm.com ou YouTube, les zombies du CERN ont déjà été vus des dizaines de milliers de fois et ont l'honneur de la presse internationale: la BBC, Wired, Die Welt, NBC. Decay profite de son côté prohibé: il débute par l'avertissement: «Ce film n'a pas été autorisé par le CERN.» Et joue sur la peur de la science: «La plus grande découverte scientifique pourrait aussi être la dernière», dit l'affiche. Au final, le CERN est d'ailleurs tout sauf fâché. «On n'accepte habituellement que les tournages qui donnent une image positive des chercheurs. Dans «Anges et démons», avec Tom Hanks, certains aspects scientifiques étaient discutables mais l'héroïne était une belle et brillante physicienne», rigole James Gillies. «Mais je dois avouer que cette histoire de zombies nous offre un joli coup de pub.»