BolivieL’ex-présidente par intérim arrêtée pour «terrorisme»
La conservatrice et ancienne cheffe d’État Jeanine Añez est accusée de «sédition» et «terrorisme». Elle est désormais dans les mains de la police.

L’ex-présidente par intérim de Bolivie, Jeanine Añez, visée par un mandat d’arrêt pour «sédition» et «terrorisme», a été arrêtée samedi dans le cadre de l’enquête sur un présumé coup d’État contre l’ancien chef de l’État Evo Morales, a annoncé le ministre de l’Intérieur bolivien.
«J’informe le peuple de Bolivie que Mme Jeanine Añez a déjà été interpellée et se trouve actuellement dans les mains de la police», a indiqué Carlos Eduardo del Castillo, dans un message posté sur Twitter et Facebook. L’ancienne présidente conservatrice, à la tête du pays de novembre 2019 à novembre 2020, avait elle-même diffusé vendredi sur Twitter une photo du mandat d’arrêt émis par le parquet, accompagnée du commentaire : «La persécution politique a commencé».
Plainte en décembre
Avant elle, deux anciens membres du gouvernement avaient été arrêtés dans la ville de Trinidad (nord-est), les ex-ministres de l’Énergie et de la Justice, Rodrigo Guzman et Alvaro Coimbra, selon des images retransmises par des télévisions locales. L’enquête ouverte par le parquet fait suite à une plainte déposée en décembre par une ancienne députée du parti d’Evo Morales (2006-2019), Lidia Patty.
L’ancienne parlementaire du Mouvement vers le socialisme (MAS) accuse Jeanine Añez, d’anciens ministres, responsables militaires et policiers d’avoir renversé en novembre 2019 Evo Morales. Elle a déposé plainte pour «sédition», «terrorisme» et «conspiration».
Le mandat d’arrêt concerne plusieurs autres ministres du gouvernement par intérim : Yerko Nuñez (Présidence), Arturo Murillo (Intérieur) et Luis Fernando López (Défense). Ces deux derniers ont quitté le pays en novembre.
Confusion autour des résultats
Il cible aussi les anciens commandants militaires, William Kaliman et Sergio Orellana, ainsi que l’ex-chef de la police Yuri Calderon. À l’issue de l’élection présidentielle d’octobre 2019, au cours de laquelle Evo Morales briguait un quatrième mandat, et de la confusion qui avait entouré les résultats le donnant vainqueur, l’opposition avait crié à la fraude. Une explosion de violence dans tout le pays avait suivi ces élections, finalement annulées.
Sur fond de manifestations qui avaient fait 35 morts, police et armée avaient retiré leur soutien à Evo Morales. Ce dernier a finalement démissionné avant de prendre le chemin de l’exil au Mexique puis en Argentine.
Morales demande des sanctions
Jeanine Añez, deuxième vice-présidente du Sénat, avait prêté serment le 12 novembre 2019. Le parti d’Evo Morales avait alors dénoncé un «coup d’État». Evo Morales est ensuite revenu dans son pays après la victoire de son dauphin Luis Arce à la présidentielle d’octobre 2020. Des enquêteurs de la Commission interaméricaine des droits de l’homme (CIDH) sont actuellement en Bolivie pour enquêter sur les violences de fin 2019.
L’ancien dirigeant de gauche bolivien Evo Morales a réclamé samedi que soient «soumis à une enquête et sanctionnés» les responsables du «coup d’État» de novembre 2019, après l’arrestation de Jeanine Añez.
«Pour la justice et la vérité, pour les 36 morts, les plus de 800 blessés et les 1500 personnes arrêtées illégalement pendant le coup d’État. Que soient soumis à enquête et sanctionnés les auteurs et complices de la dictature qui a porté atteinte à la vie et la démocratie en Bolivie», a déclaré sur Twitter l’ex-chef de l’État (2006-2019) qui avait démissionné en pleine crise post-électorale alors qu’il briguait un quatrième mandat.